Les chefs d'Etat et de gouvernement des 27 membres de l'Union Européenne (UE) se réunissent mercredi en fin de journée à Bruxelles. Rien d’officiel n’est attendu de ce sommet "informel" mais un document préparatoire a filtré et il est tout sauf anodin : les membres de la zone euro sont invités à préparer chacun de leur côté un plan d'urgence au cas où la Grèce quitterait l’euro.
Un sommet censé être consacré à la relance
Officiellement, la réunion de mercredi doit permettre aux Européens de se consulter sur un plan de relance de la croissance en Europe. L’élection de François Hollande a en effet redistribué les cartes au sein de l’UE : désormais l’austérité n’est pas la seule priorité, elle doit aussi être accompagnée d’une stimulation de la croissance.
Les dirigeants européens doivent donc étudier les avantages et les inconvénients de possibles "eurobond" ou "project bond", des emprunts qui seraient soit mutualisés, soit consacrés à de grands projets d’infrastructures à l’échelle européenne. Mais la Grèce s’enfonçant chaque jour un peu plus dans la crise, son cas risque d’éclipser tous les débats.
Se préparer concrètement à une sortie de la Grèce
Mois après mois, les Européens n'ont eu de cesse de répéter qu’ils feront tout pour conserver la Grèce au sein de la zone euro. Mais malgré une succession de plans d’urgence, la Grèce reste engluée dans le marasme économique.
Ce qui n’était qu’une hypothèse officiellement inacceptable est donc en train de devenir une possibilité bien concrète : l'Eurogroupe a en effet demandé aux gouvernements de la zone euro de préparer chacun de leur côté un plan d'urgence dans l'éventualité d'un abandon de la monnaie unique par la Grèce.
Une hypothèse étudiée depuis lundi
Cette réflexion, qu’aucun gouvernement n’a officiellement reconnue, a pourtant été lancée lundi lors d’une téléconférence entre les différents ministères des Finances de la zone euro. De plus, l’agence Reuters a pu consulter une note de travail rédigée par un État membre qui détaille notamment le coût potentiel, pour chaque pays de la zone euro, d'une sortie de la Grèce du bloc.
Un "divorce à l'amiable" n’est donc plus inenvisageable et pourrait se faire avec le soutien de l'UE et du Fonds monétaire international (FMI) pour accompagner Athènes dans cette transition. Les marchés boursiers se sont d’ailleurs fait une raison : alors qu’ils étaient en hausse, portés par l’espoir d’un plan de relance imminent, ils ont rechuté en milieu de journée, convaincus que la réunion de mercredi soir sera entièrement consacrée à la Grèce. Du côté des banques, ce scénario a même un nom : on parle désormais de "Grexit".
La Grèce dénonce des "rumeurs"
Rien n'est toutefois acté et les dirigeants européens restent sur la même ligne : "je ferai tout ce que peux faire, dans la position qui est la mienne, pour convaincre les Grecs de choisir de rester dans la zone euro en respectant les engagements qui ont été pris", a répété François Hollande mercredi lors de sa rencontre avec le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy.
Les principaux intéressés ont, eux, dénoncé des rumeurs infondées. "Le ministère grec des Finances dément catégoriquement les articles selon lesquels (...) il a été demandé aux membres de la zone euro de préparer des plans pour faire face à une éventuelle sortie de la Grèce de la zone euro", a souligné la Grèce. "Ce genre d'articles ne correspond pas à la réalité mais nuit à l'effort que fait le pays pour faire face à ses problèmes", a ajouté le ministère.