Ils se sont faits entendre mais n'ont pas empêché le vote. Plus de 70.000 manifestants sont descendus dans les rue d'Athènes, mercredi soir, pour protester contre l'adoption du plan de rigueur par le Parlement. Un important dispositif policier a même été mis en place pour canaliser la foule amassée au pied du Parlement.
Les parlementaires veulent des économies... pour les autres
A l'intérieur du bâtiment les 300 députés grecs, sous pression, ont adopté à une courte majorité - 153 des 299 députés présents (sur un total de 300) - le nouveau plan de rigueur pluri-annuel réclamé par les bailleurs internationaux de la Grèce. Se pliant aux exigences de l'UE et du FMI pour reprendre la perfusion financière au pays, plus de 150 députés des partis conservateur et socialiste soutenant l'exécutif de coalition ont avalisé ces mesures prévoyant plus de 18 milliards d'économies d'ici 2016.
Dans la ligne de mire du ministre des Finances, Yannis Stournaras, les parlementaires eux-mêmes qui verront leurs salaires diminuer. Ces derniers ont aussitôt menacé de débrayer au risque de compromettre l'adoption de la loi dont l'UE et le FMI font dépendre le maintien du pays sous perfusion, il a retiré la mesure, sous les huées.
Échauffourées devant le Parlement
Dehors, place Syntagma, la tension est montée en flèche tant autour du Parlement, quand quelque 300 fauteurs de trouble ont bombardé la police de projectiles et de cocktails molotov, qu'à l'intérieur de la chambre, où un incident de séance a interrompu le débat houleux. Plus de trois heures après le début du rassemblement des échauffourées isolées se sont poursuivies dans la soirée entre fauteurs de troubles et forces de l'ordre.
Auparavant, le gros de la foule avait reflué tandis que la police noyait la place sous un nuage de gaz lacrymogène, faisant aussi usage d'un nouveau canon à eau contre les groupes la harcelant. La police a procédé à une vingtaine d'interpellations, tandis qu'un cameraman a été attaqué par une dizaine d'agresseurs masqués et armés de barres de fer, qui ont brisé son matériel, a indiqué une source policière.
Ce que prévoit le plan
La loi pluri-annuelle 2013-2016 d'austérité, comportant 400 pages réunies en un seul article, est examinée en procédure d'urgence. Son adoption est présentée par gouvernement et bailleurs internationaux du pays comme déterminante pour le maintien du pays dans la zone euro, après trois ans d'austérité et cinq de récession. Mais "ce projet de loi va plonger le pays dans une récession prolongée et la procédure d'urgence est contre la constitution", a mis en garde Alexis Tsipras, chef du principal parti d'opposition, le Syriza de la gauche radicale.
Le plan proroge jusqu'en 2016 la rigueur et la durcit avec des économies budgétaires de plus de 18 milliards d'euros. Les Grecs devront travailler plus longtemps, jusqu'à 67 ans, avec des retraites et des prestations sociales et de santé revues à la baisse. Le plan réduit aussi jusqu'à 27% les salaires des haut-fonctionnaires, ramenés en brut mensuel hors prime à 1.872 euros pour le chef de l'Etat-major de l'armée ou à 1.459 euros pour un professeur d'université.
Il prévoit le départ de milliers de fonctionnaires, une dérégulation accrue du marché du travail et des services, et des augmentations de taxes. L'UE et le FMI ont suspendu à son adoption le versement d'une tranche vitale de 31,2 milliards d'euros des prêts promis au pays, dont les caisses seront vides à la fin du mois.