L’INFO. Aux yeux des Grecs, il incarne la corruption de toute la classe politique. Akis Tsohatzopopoulos, ex-ministre socialiste de la Défense en Grèce, a été condamné lundi à 20 ans de prison ferme pour blanchiment d’argent, la peine maximale prévue par la loi. Ce ténor du Pasok, le parti socialiste grec, est ainsi le premier homme politique de si haut rang à être jugé depuis des années.
Les faits. Akis Tsohatzopopoulos, 73 ans, déjà en prison depuis deux ans, a été reconnu coupable de blanchiment d’argent dans le cadre de contrats d’armement. Ministre de la Défense du gouvernement socialiste de Costas Simitis de 1996 à 2001, il a blanchi pour plus de six millions d’euros provenant de pots-de-vin lors de l’achat et blindés, de quatre sous-marins et de missiles antiaériens russes TOR-M1. Dans un réquisitoire implacable, le procureur a relevé que "les pots-de-vin avaient été si nombreux qu’il [Akis Tsohatzopopoulos] ne pouvait même pas en calculer le montant". Les sommes en question circulaient dans des "sacs, des valises, des chèques, des comptes en banque et des entreprises".
Le verdict. C’est donc un jugement sévère qui a été rendu lundi par le tribunal. Mais en raison de son âge, l’ex-ministre pourrait bien ne purger qu’un cinquième de sa peine et devrait être remis en liberté dans deux ans. Akis Tsohatzopopoulos ne comparaissait pas seul : son épouse, son ex-épouse allemande et sa fille ont, elles, été condamnées pour complicité, à des peines allant de 6 à 16 ans de prison. Sa fille a toutefois bénéficié du sursis car elle est mère de trois enfants.
Sa maison, symbole de la corruption. Cette décision de justice a été qualifiée d’"historique" par le quotidien Kathimerini. C’est en effet la première fois qu’un homme politique aussi éminent est jugé depuis l’acquittement en 1991 de l’ex-Premier Ministre, Andreas Papandreou, dans une affaire de pots-de-vin. En condamnant Akis Tsohatzopopoulos, la justice grecque a envoyé un signal de fermeté à une opinion qui doute de son efficacité contre la corruption des élites dont il était devenu l’incarnation. En 2004, son deuxième mariage, une fête somptueuse à Paris, avait choqué. Mais plus encore, sa maison, une énorme demeure de style néoclassique dans le quartier le plus chic d’Athènes, était devenue pour les Grecs un symbole de la corruption des élites. L’élégante propriété a finalement précipité sa chute, indique Le Monde : c’est parce qu’il avait "omis" de la déclarer aux impôts que la justice grecque a fini par se pencher sur son cas en 2011, découvrant alors des transactions suspectes et poursuivant celui qui était jusque là vu comme "intouchable".