"J'ai un optimisme limité sur la signature d'un accord." Ces mots peu enjoués sont ceux du leader du Pasok, Evangelos Vénizélos, à la sortie de la "réunion de la dernière chance" en Grèce. Le président du pays Carolos Papoulias a reçu dimanche matin les dirigeants de la droite modérée de Nouvelle démocratie, du parti de gauche radical anti-austérité Syriza et les socialistes du Pasok, les trois partis arrivés en tête aux législatives, pour tenter de les convaincre de former un gouvernement de coalition.
Quatre partis se retrouvent lundi
Dans l'après-midi, il s'est également entretenu avec le parti des Grecs Indépendants (droite nationaliste, qui ont obtenu 10,6% des voix, soit 33 sièges), et celui des communistes (8,5%, 26 sièges).
Panos Kammenos, le chef du parti des Grecs indépendants, a déclaré à l'issue de cette rencontre qu'on lui avait montré une lettre du Premier ministre du dernier gouvernement, Lucas Papademos, sur l'état de l'économie grecque, dont le contenu ne devait pas être révélé. Ce dernier a posé des conditions pour rejoindre une éventuelle coalition, mais celles-ci sont peu susceptibles d'être acceptées par les conservateurs de la Nouvelle Démocratie et les socialistes du Pasok. Le dirigeant des communistes du KKE, Aleka Papariga, reçu ensuite, a déclaré à sa sortie que ces consultations n'étaient qu'"une mise en scène pour tromper le peuple grec".
Carolos Papoulias a également rencontré dimanche soir les néonazis (7%, 21 sièges) et enfin le parti de gauche modérée, pro européen mais anti-austérité, Dimar (6%, 19 sièges). Les discussions reprendront lundi, toujours sous la conduite du président Carolos Papoulias. Les trois principaux partis politiques -conservateurs, socialistes et gauche radicale- y participeront, ainsi que Dimar.
Il est difficile de savoir précisément où en sont les négociations. Pour le socialiste Evangelos Vénizélos il n'y a pas d'ambigüité : le premier rendez-vous a en tout cas abouti à une "impasse". Un point de vue que ne partage pas Alexis Tsipras, le leader de Syriza. Selon lui le Pasok, la droite modérée du parti Nouvelle démocratie et un "troisième parti se sont accordés sur une coalition chargée d'appliquer le programme d'austérité criminel exigé par les créanciers de la Grèce en échange d'une aide financière". "Ils ont 168 députés au nouveau Parlement, ils ont la majorité", a-t-il assuré.
"C'est un mensonge diffamatoire"
Sans le nommer, Alexis Tsipras vise probablement le parti de gauche modérée Dimar. Celui-ci, se sentant effectivement concerné par ces propos, a d'ailleurs immédiatement démenti. "C'est une honte... c'est un mensonge diffamatoire", a assené le parti dans un communiqué.
Dimanche matin, le leader de Dimar, Fotis Kouvelis, avait indiqué avoir "très peu d'espoir" de parvenir à un accord. En effet, Dimar exige tout comme Syriza que le nouveau gouvernement se "désengage" du plan d'austérité draconien imposé par les bailleurs de fonds, UE et FMI, et revienne "immédiatement" sur les lois sur le travail, baissant les salaires et facilitant les licenciements, a-t-il expliqué à la télévision Mega, quelques heures avant le début de la réunion.
Contrairement à ce qu'affirme Tsipras, il parait donc peu probable que Dimar ait signé un accord avec les deux partis pro-austérité, Pasok et Nouvelle démocratie.
Une solution doit impérativement être trouvée d'ici jeudi, date prévue de la première séance du nouveau parlement. En cas d'échec, de nouvelles élections seront convoquées pour juin. Les derniers sondages montrent qu'une majorité de Grecs veulent une solution. Ils sont 72%, selon un sondage de l'institut Kappa publié dimanche par l'hebdomadaire To Vima, à estimer que les partis doivent coopérer "à tout prix", et 78% à vouloir un gouvernement qui fasse "tout ce qu'il faut" pour que la Grèce reste dans la zone euro.
"La base pour de nouvelles aides disparaîtra"
Mais paradoxalement, selon ce même sondage, en cas de nouvelles élections, ce serait la gauche radicale et radicalement opposée au plan de sauvetage de Syriza qui arriverait en tête, avec 20,5% des voix, contre 18,1% aux conservateurs et 12,2% aux socialistes du Pasok.
Les créanciers du pays, à commencer par l'UE et l'Allemagne, ont dit clairement ces derniers jours que si la Grèce n'honorait pas les engagements qu'elle a pris en échange des prêts de sauvetage qui lui ont été accordés, ils cesseraient de verser des fonds. Et qu'il faudrait envisager une sortie de la zone euro. "Si Athènes ne tient pas parole, ce sera un choix démocratique", a reconnu le président de la Banque centrale allemande, Jens Weidmann. Avant d'avertir : "la conséquence sera que la base pour de nouvelles aides disparaîtra."