Après l’élection de Syriza, la Grèce est loin d’en avoir terminé avec sa dette. L’arrivée au pouvoir du parti anti-austérité ouvre une longue séquence de négociations entre le futur gouvernement grec et ses créanciers, au premier chef l’Union européenne. Mais avant d’envisager toute décision sur un rééchelonnement de la dette, comme souhaité par Alexis Tsipras, la Grèce devra affronter un calendrier à risques. Entre élections présidentielles et réunions avec les pays de l’Union européenne, l’agenda du futur gouvernement grec s’annonce chargé.
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Lundi : formation du gouvernement et réunion de l’UE sur le programme d’aide
Comme un symbole, la Grèce aura lundi au menu un rendez-vous de politique intérieur et un autre de politique européenne, tous deux très attendus. Sur le plan national, Alexis Tsipras va être officiellement nommé premier ministre en début d’après-midi. Un accord de gouvernement entre Syriza et la droite souverainiste (le parti des Grecs indépendants), tous deux farouchement opposés aux politiques d’austérité, a été annoncé dès lundi matin.
Dans le même temps, les ministres des Finances de la zone euro se réuniront au sujet du programme d’aide à la Grèce. Alexis Tsipras, qui veut renégocier le montant de la dette, devra convaincre ses partenaires européens. Mais c’est loin d’être gagné, assure-t-on à Bruxelles. "On ne va pas échapper à une renégociation sur la dette. La question est de savoir sur quoi elle va porter : les échéances, les montants, ou les deux ? Pour les montants, ce sera plus difficile", a confié une source européenne.
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Début février : élections présidentielles grecques
Après les législatives, le calendrier électoral grec réserve une élection présidentielle, dès le mois de février. L'élection législative de dimanche est en effet la conséquence de la dissolution du Parlement, provoquée en décembre par l’incapacité des députés à élire un président. Le candidat proposé par l’ancien gouvernement n’avait pas recueilli les voix suffisantes, provoquant une crise politique dans le pays. Le premier tour du scrutin pourrait avoir lieu dès le 7 février, date de l’ouverture de la session parlementaire. Les deux autres tours pourraient se dérouler, le cas échéant, à cinq jours d’intervalle.
28 février : fin du second programme d’aide international
Le pays doit théoriquement en finir le 28 février avec le programme d'aide de l'UE, avec 7 milliards d'euros de crédits supplémentaires à la clé. Mais rien ne dit que ce calendrier sera respecté. Depuis plusieurs mois, des responsables de la zone euro laissent entendre qu’Athènes devra sans doute solliciter un nouveau délai. Un sursis de deux à six mois est à l’étude. Mais Bruxelles n’est disposé à accorder du temps que sous certaines conditions : que la Grèce poursuive son calendrier de réformes.
Une option qui semble difficile à envisager, tant le programme de Syriza est opposé à l’austérité imposée par les créanciers du pays. Les longues et âpres négociations entre la Grèce et ses bailleurs de fonds pourraient donc se poursuivre jusqu’au mois de juillet, avait affirmé Alexis Tsipras la semaine dernière. "Je suis certain que d'ici là, nous aurons trouvé une solution viable et mutuellement acceptable", avait lancé le futur Premier ministre.
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Juillet et août : remboursements à la BCE
Depuis 2010, la troïka des créanciers s’est engagée à accorder près de 240 milliards d’euros de prêts à la Grèce. Le pays "va devoir honorer deux grosses échéances de remboursement à la BCE", de 3,5 milliards d’euros en juillet, et de 3,19 milliards d’euros en août. Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE, a d’ores et déjà prévenu, lundi sur Europe 1 : "La Grèce doit payer, ce sont les règles de jeu européen".
L’institution basée à Francfort ne participera donc à aucune réduction de la dette grecque. "Il peut y avoir une renégociation, oui. Mais il n'y a pas de place pour un comportement unilatéral en Europe. Ce qui n'exclut pas d'avoir des discussions, sur un rééchelonnement de la dette", ajoute Benoît Coeuré. La BCE, elle, demandera donc bel et bien le remboursement intégral des prêts accordés. Si Alexis Tsipras veut obtenir une baisse de la dette grecque, il devra donc convaincre les ministres européens des Finances.
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