L’Église et l’État grecs, actionnaires communs d'une société immobilière : c'est la formule originale choisie par le gouvernement d'Antonis Samaras pour tirer des revenus de la fortune foncière du puissant clergé grec régulièrement mis en cause pour ses privilèges fiscaux. Le Premier ministre conservateur et l'archevêque Ieronymos, chef spirituel de l'Église orthodoxe grecque, non séparée de l’État, ont annoncé mardi dans un communiqué la création de la "Société pour la valorisation des biens de l’Église" (EAAEP), une société anonyme détenue pour moitié par chacun des deux partenaires.
L'Église orthodoxe grecque passe pour l'un des plus importants, si ce n'est le plus gros propriétaire foncier du pays: des milliers d'hectares de terres à bâtir, de forêts et de plages, des monastères, dont la quantité exacte fait l'objet de tous les fantasmes et sur lesquels le gouvernement du pays en crise lorgne depuis des années. La toute nouvelle société immobilière aura pour objet d'organiser l'exploitation commerciale de ces propriétés de façon à en tirer des revenus partagés à 50-50 entre les deux associés, l’Église "pour développer ses œuvres de charité" et l’État pour "amplifier son assistance aux plus vulnérables", selon le communiqué.
Le quotidien Ta Nea rappelait ainsi mardi que des investisseurs russes, qataris et américains avaient récemment manifesté leur intérêt pour la location de terrains de l’Église en bordure de mer, dans la banlieue chic d'Athènes. Les biens immobiliers ecclésiaux seront transférés pour une durée de 99 ans à cette toute nouvelle société, dont les actions détenues uniquement par l’Église et l’État ne seront pas cessibles. Ils pourront faire l'objet de location à moyen ou long terme mais ne seront pas vendus.