Ce pourrait être le point de départ du scénario hollywoodien d’un film d’anticipation pas franchement réjouissant. Des chercheurs néerlandais du Centre médical Erasmus de Rotterdam ont conçu récemment un virus potentiellement hautement dangereux pour l’homme et très contagieux. Selon Le Parisien de mardi, les services du professeur Ron Fouchier, en cherchant à mieux cerner le virus H5N1, celui de la grippe aviaire, ont créé une souche mutante conçue pour être très facilement transmissible d’homme à homme.
"Comparé à lui, l’anthrax ne fait pas du tout peur"
"Je ne connais aucun organisme qui fasse aussi peur que celui-là. Comparé à lui, l’anthrax ne fait pas du tout peur", a réagi Paul Keim, le président de l’agence de biosécurité américaine (NSABB). Du coup, la NSABB a recommandé que l’étude néerlandaise ne soit pas publiée dans la très sérieuse revue Science, comme prévu initialement.
Si ce virus fait tellement peur, c’est qu’il matérialise les craintes nées de l’apparition en 2004 de la grippe aviaire, qui touche les animaux sauvages et domestiques. Ce virus H5N1 se transmet pour l’heure uniquement d’animal à homme, mais les scientifiques, notamment à l’organisation mondiale de la Santé (OMS), avaient prévenu que si la souche mutait et devenait transmissible d’homme à homme, l’épidémie pouvait potentiellement se transformer en catastrophe sanitaire mondiale. Cette mutation tant redoutée, les chercheurs néerlandais l’ont réalisée artificiellement.
L’un des plus dangereux jamais créé
Un tel procédé est pourtant courant chez les virologues, qui engendrent des virus pour découvrir ensuite des vaccins ou des nouvelles molécules. "C’est parce que la sécurité américaine a décidé de bloquer leur publication que l’on en parle", relativise d’ailleurs dans Le Parisien Vincent Enouf, directeur adjoint du Centre national de référence de la grippe aviaire à l’Institut Pasteur.
Sauf que le virus de Rotterdam est sans doute l’un des plus dangereux jamais crée par l’homme. Et en citant l’anthrax, qui avait semé la terreur en étant envoyé dans des courriers dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001, l’Américain Paul Keim brandit clairement le risque dune utilisation de la souche à des fins terroristes.