L’INFO. Ce n’est pas un secret : entre Israël et l’administration Obama, les relations sont parfois tendues, voire houleuses. Le dernier épisode en date l’atteste. Le ministre de la Défense israélien s’en est pris de façon virulente à John Kerry, le secrétaire d’État américain, accusé de ne rien comprendre au conflit israélo-palestinien. Avant de devoir présenter des excuses un peu piteuses quelques heures plus tard.
Qu’il nous "laisse tranquilles". C’est le quotidien israélien Yediot Aharonot qui a rapporté des propos tenus en privé par Moshé Yaalon, l’un des faucons du gouvernement de Benjamin Netanyahou. Le ministre de la Défense accuse John Kerry d’être "animé par une obsession incompréhensible et une sorte de messianisme" et que le secrétaire d’État américain n’a rien à lui apprendre du conflit avec les Palestiniens. "La seule chose susceptible de nous sauver est que John Kerry remporte le prix Nobel (de la Paix) et nous laisse tranquilles", ironise Moshé Yaalon.
Une attaque "choquante" pour Washington. Des remarques "insultantes et inappropriées, en particulier compte tenu de ce que font les États-Unis pour la sécurité d’Israël", a aussitôt estimé le département d’État américain. Depuis juillet, John Kerry ne ménage pas ses efforts pour tenter de trouver un accord entre Israël et les Palestiniens. La Maison-Blanche aussi a réagi avec force contre cette attaque "choquante et déplacée", disant attendre "du Premier ministre qu’il règle cette affaire en exprimant publiquement son désaccord avec les propos visant le secrétaire Kerry".
Un ministre critiqué dans la presse. La presse israélienne n’est pas tendre avec Moshé Yaalon. Pour le quotidien de centre-gauche Haaretz, le ministre, qui a protesté contre la divulgation de propos privés "ne peut s’en prendre qu’à lui-même". "Yaalon oublie qu’une large part du budget qu’il gère provient des États-Unis", rappelle le quotidien. Le ministre "doit trouver un moyen de rétablir ses relations avec Washington", faute de quoi "les dégâts ne le concerneront plus seulement lui, mais aussi la sécurité israélienne". Classé plus à droite, le Jerusalem Post estime de son côté que les critiques de Moshé Yaalon sont "légitimes", mais que c’est sur la forme que le ministre a péché. Désormais, "après le faux pas verbal du ministre de la Défense, il sera plus facile pour les Palestiniens de faire valoir leurs intérêts", note le quotidien.
Un rétropédalage express. Rappelé à l’ordre par le Premier ministre, Moshé Yaalon a d’abord publié un communiqué prudent, dans lequel il a affirmé que Washington était un allié de la plus haute importance. Mais il n’a pas été jugé suffisant et quelques heures plus tard, Moshé Yaalon a présenté de vraies excuses, assurant n’avoir eu "aucune intention d’offenser le secrétaire d’État" et louant les "les multiples efforts déployés par M. Kerry pour faire avancer la paix entre Israël et les Palestiniens".
Déjà des tensions mardi. Les tensions entre Israël et l’administration Obama ne datent pas d’hier. Entre le nucléaire iranien et le processus de paix au Proche-Orient, les sujets de désaccord ne manquent pas. Déjà, mardi après-midi, le ministre israélien du Logement, Uri Ariel, s’est fait remonter les bretelles par Washington. Il avait assuré que les récents projets de construction annoncés par Israël l’avaient été "en coordination" avec les États-Unis. Une déclaration suivie d’un démenti cinglant d’un haut diplomate américain, pour qui John Kerry n’a "jamais rencontré ni parlé avec Uri Ariel" et "par conséquent rien n’a été coordonné ou agréé avec lui".