Gros revers pour le colonel Kadhafi. Son ministre des Affaires étrangères, Moussa Koussa, une des principales figures du régime, a annoncé sa démission mercredi lors de son arrivée à Londres. Longtemps chef des services d'espionnage libyens, Moussa Koussa est considéré comme celui qui a orchestré l'attentat de Lockerbie en décembre 1988. Mais depuis quelques années, le rôle du ministre de l'ex-chef des Affaires étrangères avait évolué. C'est lui qui avait orchestré le rapprochement diplomatique avec l'Europe et les Etats-Unis.
Moussa Koussa aurait été en contact avec le gouvernement Cameron depuis plusieurs jours, et selon la BBC, aurait voyagé à bord d'un avion britannique. "Il n'était pas du tout content. Il ne soutient pas les attaques du gouvernement contre les civils", a déclaré un ami de l'ex-ministre pour expliquer son geste. Voici une douzaine de jours, Moussa Koussa était apparu lors d'une conférence de presse à Tripoli pour annoncer l'arrêt immédiat de toutes les opérations militaires contre les insurgés libyens. Cette annonce n'avait pas été suivie d'effets.
Pas d'immunité offerte
Londres a donc salué cette défection qui montre "un effondrement de l'intérieur" du régime mais a assuré que l'ex-ministre des Affaires étrangères libyen "ne se verra pas offrir d'immunité par la justice britannique ni par la justice internationale". La justice écossaise a d'ailleurs annoncé qu'elle souhaitait interroger Moussa Koussa, qui est arrivé à Londres après avoir fait défection, à propos de l'attentat de Lockerbie qui avait fait 270 morts en 1988.
Dans le clan Kadhafi, on a minimisé la portée de la défection. "C'est la lutte de toute une nation. Elle ne dépend pas d'individus ou de responsables quel que soit leur rang", a indiqué le porte-parole du régime Moussa Ibrahim. "Rassurez-vous, nous sommes tous ici. Nous allons rester ici jusqu'à la fin. C'est notre pays. Nous sommes forts sur tous les fronts".
Les forces de Kadhafi à Brega
En revanche, sur le plan militaire, la situation n'est pas aussi critique pour le dirigeant libyen. Après avoir repris le site pétrolier de Ras Lanouf aux insurgés, les forces loyalistes ont progressé vers le terminal pétrolier de Brega, où les combats ont commencé jeudi matin avec les rebelles.
Dans une conférence de presse à Benghazi, un porte-parole des rebelles a expliqué le retrait des insurgés par le fait qu'ils étaient confrontés à des milliers d'hommes, membres selon lui de la garde républicaine tchadienne.
La CIA et le MI6 sur le terrain
L'Otan a de son côté annoncé avoir commencé mercredi à assurer le commandement des opérations aériennes, prenant la suite de la coalition dirigée par les Etats-Unis. Des appareils de la coalition ont survolé Tripoli dans la nuit, avant que des explosions ne soient entendues dans la banlieue de Salaheddine, au sud-est de la capitale.
Les Etats-Unis ont reconnu avoir déployé des petits groupes de la CIA en Libye pour aider les rebelles, qui reculent depuis deux jours vers l'est face à l'armée de Kadhafi. Il y aurait également des dizaines de membres des forces spéciales britanniques et d'agents du service d'espionnage MI6, selon la chaîne ABC.