Tout est parti du rapport de l'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA). Ce document, qui doit être remis mardi, renforcerait les soupçons sur les ambitions militaires du programme nucléaire iranien.
Téhéran a beau démentir farouchement chercher à se doter de l'arme atomique, depuis une semaine, la presse israélienne s'inquiète. Et assure que le gouvernement israélien envisage des frappes préventives contre les installations nucléaires iraniennes. Des rumeurs renforcées par le président israélien Shimon Peres, qui a expliqué lundi que la possibilité d'une attaque était "plus proche que l'option diplomatique".
Israël et les Etats-Unis menacés
En réaction, le chef d'Etat major des forces iraniennes, Hassan Firouzabadi, a prévenu que Téhéran "punira" Israël en cas d'attaque. Mais pas seulement : "les Etats-Unis savent que toute attaque du régime sioniste contre l'Iran leur causera aussi de sérieux dommages", a-t-il affirmé.
Le président Mahmoud Ahmadinejad a aussi accusé Israël d'essayer "d'obtenir un soutien international pour une opération militaire destinée à supprimer" l'influence de l'Iran dans la région. Mais "l'Iran ne leur permettra pas d'agir", a-t-il ajouté.
"Un jeu de bluff"
Doit-on s'inquiéter d'une éventuelle guerre entre les deux Etats ? Pas vraiment, si l'on en croit Thierry Coville, chercheur à l'IRIS. "C'est plutôt un jeu de bluff", estime ce spécialiste de l'Iran, interrogé par Europe1.fr. "Ce n'est pas nouveau, cela fait des années que ces deux pays émettent ce genre de menaces. C'est une guerre de la communication".
Pour préciser sa pensée, Thierry Coville explique qu'il s'agit toujours du même scénario : "Israël dit qu'il envisage d'attaquer l'Iran et les Occidentaux répondent de ne pas s'inquiéter, qu'ils vont sanctionner Téhéran davantage".
Ehud Barak a d'ailleurs décidé mardi de calmer le jeu, minimisant les risques d'une intervention militaire israélienne. "La guerre n'est pas une partie de plaisir, nous ne voulons pas d'une guerre", a déclaré le ministre de la Défense. Avant d'ajouter qu'aucune décision n'avait été prise sur "une quelconque opération".
"L'Iran fait un bon méchant"
Toutefois, Israël a demandé à la communauté internationale d'imposer des sanctions "très sévères et paralysantes" à l'Iran. "Si les Etats-Unis n'entament pas des démarches en vue de telles sanctions sévères contre l'Iran, cela signifie que les Américains et l'Occident s'accommodent d'un Iran nucléaire", a affirmé Avigdor Lieberman, ministre israélien des Affaires étrangères.
"L'Iran est pratique, il fait un bon méchant", analyse le chercheur Thierry Coville. Il permet de faire oublier les problèmes économiques et sociaux en Israël, la déception d'Obama sur la question palestinienne… Mais les Iraniens n'ont attaqué personne depuis 300 ans", rappelle-t-il.
Avant de s'interroger sur l'efficacité des sanctions occidentales qui, selon lui, rendraient le régime plus radical et renforcerait "le sentiment national" des Iraniens. Qui plus est, "il y a un énorme paradoxe entre pleurer des larmes de crocodiles sur la population iranienne victime de la répression, et imposer des sanctions qui la touchent de plein fouet."