Avis de tempête chez HSBC. La filiale américaine de la banque britannique, baptisée HBUS, est au coeur d'un scandale dévoilé par une commission du Sénat : elle aurait manqué de vigilance face à de possibles opérations de blanchiment d'argent. Signe que l'affaire est grave : la banque a présenté ses excuses et un cadre vient de démissionner.
"Graves carences" dans le système anti-blanchiment
Le rapport de la commission souligne de "graves carences" dans le système anti-blanchiment. Selon les auteurs, HBUS n'arrive pas à surveiller de façon efficace les activités suspectes. Le montant global des transactions suspectes s'élèverait à 15 milliards de dollars, soit 12,2 milliards d'euros, sur la période 2006-2009.
Des cartels mexicains auraient ainsi profité des faiblesses du système. Entre 2007 et 2008, bien que les autorités américaines et mexicaines aient alerté la banque sur les liens probables entre le trafic de drogue et les transferts d'argent, pas moins de 5,7 milliards d'euros ont été transférés par les filiales mexicaines vers HBUS.
Des transferts d'argent vers l'Iran ?
Autre source d'inquiétude des parlementaires américains : de possibles transferts d'argent vers l'Iran, alors qu'un embargo frappe le pays, interdisant les opérations financières. Ces transactions secrètes auraient porté sur un montant de 13 milliards d'euros, sur une période de six ans. Les quelques 25.000 opérations auraient été dissimulées grâce à la méthode du "stripping", qui permet d'effacer des archives toute référence à l'Iran.
Enfin, selon le rapport, HSBC aurait également entretenu des relations financières avec des banques soupçonnées d'avoir des liens avec des organisations terroristes. La banque aurait aussi aidé à écouler des chèques de voyage, pour un montant de 236 millions d'euros, émis par une banque japonaise au bénéfice de ressortissants russes qui prétendaient travailler dans les voitures d'occasion.
"Nous allons nous excuser, reconnaître ces erreurs"
Des responsables de la banque sont venus mardi devant le Sénat faire acte de contrition. HSBC a par ailleurs adressé un communiqué aux régulateurs britanniques dans lequel elle esquisse un mea culpa. "Nous allons nous excuser, reconnaître ces erreurs, répondre de nos actes et nous engager à régler ce qui n'a pas fonctionné", assure la banque.
David Bagley, un des dirigeants de HSBC, a au passage annoncé aux sénateurs qu'il démissionnerait. Il était responsable de la division chargée d'assurer le respect de la réglementation en matière de provenance de fonds depuis 2002.