Une élection, mais à quoi bon ? C’est la question que se posent les Haïtiens qui ont voté dimanche pour élire de nouveaux dirigeants. Ces derniers vont hériter d'un pays que le séisme de janvier a mis à genoux. Avec plus d'un million de sinistrés et une population menacée par le choléra, les Haïtiens se font peu d’illusions face aux remèdes de la classe politique.
Des "fraudes" signalées
Plusieurs incidents et violence ont émaillé les scrutins. Des bureaux de vote ont également été saccagés et des milliers de Haïtiens ont défilé à Port-au-Prince pour protester contre les conditions dans lesquelles s'est déroulée la consultation. Trois personnes ont été tuées lors de heurts entre partisans de candidats rivaux dans l'Ouest du pays.
Au moins 12 des 18 candidats à l'élection présidentielle ont réclamé l'annulation du scrutin. Dans une déclaration commune, ces candidats, parmi lesquels des favoris tels Mirlande Manigat, le chanteur populaire Michel Martelly ainsi que Jacques-Edouard Alexis, ont dénoncé "un complot du gouvernement et du Conseil électoral provisoire (CEP) pour trafiquer les élections au profit du candidat du parti au pouvoir", Jude Célestin.
"Il ne s'agit pas uniquement de fraudes, c'est un véritable scandale, un véritable kidnapping des élections", a déclaré le porte-parole de Mirlande Manigat à la mi-journée.
18 candidats en lice
Près d'un an après le tremblement de terre du 12 janvier qui a tué quelque 250.000 personnes dans la région de la capitale, Port-au-Prince, le pays doit élire le successeur du président René Préval, et désigner députés et sénateurs. Le sortant n'a constitutionnellement plus le droit de se présenter.
Mirlande Manigat, une ancienne Première dame âgée de 70 ans, faisait figure de favorite face au candidat du parti au pouvoir, Jude Célestin, 48 ans. Selon un sondage du Bureau de recherches en informatique et en développement économique et social, réalisé avant le votes, Mirlande Manigat l'emporterait avec 36% des voix contre 20% pour Jude Célestin. Un troisième candidat, Michel Martelly, plus connu sous son nom de chanteur, "Sweet Micky", et populaire auprès des jeunes, recueillerait 14% des suffrages.
Les résultats ne pourraient être connus que début décembre. Les deux candidats les mieux placés s'affronteront en suite dans un second tour.