C'est une "véritable traite d'enfants". Pour l'Institut haïtien du Bien-être social (IBES), responsable des adoptions d'enfants en Haïti, il n'y a aucun doute, Haïti est bel et bien victime d'un trafic d'enfants depuis le séisme du 12 janvier. "Nous avons appris à travers les médias que de nombreux enfants ont quitté le pays, mais aucune autorisation de départ n'a été délivrée par l'Institut du Bien-être social", a déclaré Jeanne-Bernard Pierre, directrice de cet organisme du ministère des Affaires sociales et du Travail. Elle a toutefois admis que des centaines d'enfants dont les dossiers étaient finalisés ou en cours de finalisation avaient pu bénéficier de visas pour partir en toute régularité. "Tout est chambardé, tout est désorganisé depuis le 12 janvier et certaines personnes en profitent pour se livrer à une véritable traite d'enfants", a regretté la directrice de l'IBES.
Des "recrutements"
La responsable a indiqué d'autre part que les autorités haïtiennes avaient été alertées par des organisations comme l'Unicef ou Save the Children de cas de "recrutement" d'enfants dans le sud d'Haïti. "Un homme à lui seul aurait ramassé 140 enfants. Nous allons nous pencher sur ce cas", a-t-elle assuré.
Concernant la trentaine d'enfants interceptés à la frontière dominicaine en compagnie de 10 Américains, Jeanne-Bernard Pierre a indiqué que ces derniers n'avaient pas déclaré à la douane qu'ils quittaient le pays avec des enfants. "C'est au cours d'une inspection qu'un commissaire de police a constaté que des dizaines d'enfants se trouvaient dans un autobus, sans passeports", a-t-elle expliqué.
Un programme de réinsertion
"Actuellement, nous constituons des dossiers pour ces enfants, ensuite nos travailleurs sociaux iront enquêter pour déterminer s'ils ont été volés ou confiés par leurs parents", a-t-elle déclaré. Dimanche, certains parents s'étaient déjà présentés au centre d'hébergement pour réclamer leurs enfants, mais ceux-ci ne leur ont pas été remis.
Les autorités haïtiennes ont confié ces enfants de façon temporaire à ce centre d'hébergement de l'enfance, tenu par l'organisation non-gouvernementale SOS Children's Village à Croix-des-Bouquets, une commune pauvre de la banlieue de Port-au-Prince, a confirmé Mme Pierre. La directrice de l'Institut du Bien-être social a promis de mettre sur pied un programme de réinsertion pour ces enfants.