Pour la troisième fois, des candidats déclarés à l’investiture républicaine en vue de l’élection présidentielle américaine de 2012 ont débattu dans la nuit de jeudi à vendredi, sous l’oeil des caméras des réseaux nationaux. Mais cette fois, l’enjeu est de taille. Car les échanges précèdent une élection factice (Straw poll) dans l’Iowa, où le débat a eu lieu, qui permettra de jauger dès samedi le rapport de forces des prétendants républicains dans cet Etat du Midwest. Les échanges, centrés sur les questions économiques, ont été plus musclés que les précédents, selon les observateurs. Ils étaient huit à s’affronter en direct. Présentation.
Mitt Romney, le favori. A 65 ans, Mitt Romney participe à sa deuxième campagne d’investiture à une élection présidentielle. En 2008, il avait cédé face à John McCain, future victime de Barack Obama. Cette fois, son expérience fait de lui le favori, ce que les sondages ont tendance à confirmer. Mais ce membre actif de l’Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers jours, l’église mormone, pourrait payer quelques handicaps. D’abord, il devrait être la cible de tous ses contradicteurs, en sa position de favori. Ensuite, ses positions sont parfois jugées trop libérales au sein du parti républicain. S’il est bel et bien contre le mariage homosexuel, il s’est déclaré personnellement favorable à l’avortement en 2005. Enfin, il a fait adopter dans le Massachusetts, dont il fut le Gouverneur entre 2003 et 2007, une réforme de la santé proche de celle, tant décriée, mise en œuvre par le président Barack Obama.
Michele Bachmann, l’outsider. Michele Bachmann a réussi le tour de force d’évincer Sarah Palin, candidate à la vice-présidence en 2008, dans le rôle d’égérie ultraconservatrice au sein du grand Old party (GOP). Cette mère de cinq enfants, âgée de 55 ans, est actuellement dans une bonne dynamique, notamment pour ses performances lors des débats télévisés. Elle devrait donc focaliser une bonne partie de l’attention des observateurs, et ne pourra pas se permettre le moindre faux pas. Militante active au sein les mouvements pro-life (anti-avortement), Michele Bachmann a récemment reconnu avoir subi un avortement après la naissance de son deuxième enfant, un traumatisme à l’origine de son combat. A noter que la représentante du Minnesota est très populaire au sein du très conservateur Tea party. Un atout de plus.
Jon Huntsman, l’international. Lui aussi sera particulièrement surveillé lors du débat. Car il s’agit là pour l’ancien Gouverneur de l’Utah, de 2005 à 2009, de son premier débat télévisé depuis l’annonce, le 21 juin 2011, de sa candidature. Jon Huntsman, 51 ans, mormon de son état, était dès 2009 pressenti pour briguer la candidature républicaine. Mais sa nomination en tant qu’ambassadeur de Chine de 2009 à 2001 lui a coupé les ailes. Et donné de lui l’image d’un homme qui a participé à l’administration Obama. Ce père de sept enfants, dont une fille adoptée en Chine et une autre en Inde, a pour lui sa connaissance de l’international, avec notamment une pratique courante du mandarin. Mais il semble partir de trop loin pour l’emporter. D’autant qu’il s’est prononcé pour le mariage homosexuel.
Ron Paul, le "libertarien". Très apprécié au sein du Parti républicain, Ron Paul pourrait bien créer la surprise, avec un programme fort simple : moins d’Etat fédéral, plus de libertés individuelles. Cet ancien gynécologue-obstétricien, âgé de 75 ans, est un ancien candidat du "parti libertarien" à la présidentielle de 1988. Il souhaite abolir l’impôt sur le revenu, instaurer un marché totalement libre, et prône une non-intervention totale hors des frontières américaines. Au nom de la liberté, il s’est prononcé pour le mariage gay, a voté contre le Patriot Act, contre la guerre en Irak, et prône même la vente libre de toutes les drogues.
Rick Santorum, l’ultraconservateur. Ce n’est pas franchement le plus mesuré des candidats. Elu à la chambre des représentants à 32 ans, sénateur de Pennsylvanie à 36, Rick Santorum est un surdoué de la politique. Mais ses prises de positions radicales aboutissent à le desservir. Il est inflexible sur l’avortement, et à comparé les homosexuels aux zoophiles et aux incestueux, parlant de "bestialité". En représailles, une vaste campagne sur Internet invitait à baptiser "Santorum" une pratique sexuelle. Ce père de six enfants, chroniqueur régulier sur la très radicale Fox News, a peu goûté la plaisanterie.
Tim Pawlenty, le benjamin. A 50 ans, Tim Pawlenty est le benjamin de ce débat. Mais pas le moins pugnace. Son agressivité, notamment à l’égard de Tim Romney lors d’un débat précédent, avait été critiquée. "T-Paw", comme le surnomme la presse américaine, avait inventé l’expression "Obamneycare" pour attaquer son camarade sur sa réforme de l’assurance-maladie. Sur le fond : il se démarque peu de ses adversaires : il est partisan de moins d’impôts et a démontré son hostilité à l’avortement en instaurant un délai légal de 24 heurs avant une IVG, quand il était gouverneur du Minnesota, de 2003 à 2011.
Herman Cain,l’Afro-américain. Il est le seul Afro-américain à avoir déclaré sa candidature jusqu’alors. Herman Cain a fait fortune dans la pizza grâce à la chaîne Godfather’s pizza. Multimillionnaire, il est très apprécié au sein du Tea party. Il fait campagne pour une politique de défense forte, contre l'avortement et pour un contrôle accru de l'immigration.
Newt Gingrich, le "révolutionnaire". Newt Gingrich a du mal à exister dans la campagne. Pourtant, l’homme est loin d’être un inconnu. Il a été l’un des acteurs de la "révolution républicaine", qui permit au GOP de s’emparer en 1994 de la Chambre des Représentants pour la première fois depuis 40 ans. Il présidera l’Assemblée pendant quatre ans, de 1995 à 1999, et sera même élu homme de l’année par Time en 1995. Insuffisant, semble-t-il pour rivaliser.
A noter que ces huit candidats pourraient se faire voler la vedette dans l’Iowa deux jours après le débat. Car Rick Perry, le successeur de George Bush en tant que Gouverneur du Texas, et qui n’a jamais perdu une élection en 25 ans, mais aussi et surtout Sarah Palin sont annoncés dans l’Etat du Midwest. Tous deux pourraient alors déclarer leur candidature à la candidature. Et ainsi redistribuer toutes les cartes.