Arnaqueur entrepreneur. Tobechi Onwuhara pourrait être considéré comme un virtuose de l’arnaque. Un homme inventif et organisé, qui par sa seule intelligence a soutiré près de 15 millions de dollars à ses victimes selon les premières estimations du FBI. Et brisé par la même occasion des centaines de vies. Le malfaiteur a été condamné mercredi 22 janvier par la justice américaine à six ans de prison. Selon le site de la police fédérale américaine, il aurait tenté de soutirer près de 40 millions de dollars au total.
Il pirate les comptes armé d’un portable. La recette du succès est aussi simple dans les moyens mobilisés qu’élaborée dans les compétences mobilisées. A la tête d’une équipe disséminée dans le monde entier, armé d’un simple téléphone portable et d’un ordinateur, Onwuhara pratiquait ce qu’il appelait "la grande lessive" en utilisant ses connaissances de hacker. Grâce à plusieurs de ses complices placés dans des agences immobilières pour riches propriétaires, et à un rapide piratage des données des victimes, il obtenait les codes des comptes en banque et transférait leur contenu auprès de complices, des "mules" placées aux quatre coins du monde, chargées de réceptionner le butin.
Une vie de nabab. Grâce à cette manœuvre, l’homme menait une vie fastueuse. Le Sidney Morning Herald rapporte qu’il avait créé son label de hip-hop et qu’il logeait exclusivement dans des hôtels de luxe, auprès de la grande bourgeoisie qu’il visait lors de ses arnaques.
Complicités mondiales. Grâce à ce réseau bien organisé, Onwuhara a pu échapper une première fois au FBI. Il quitte les Etats-Unis en 2008 alors qu’il est sous le coup d’un mandat d’arrêt et que sa photo côtoie celle des 10 criminels les plus recherchés par la police fédérale américaine. Quatre ans plus tard, sous le coup d’un mandat d’arrêt international, il est arrêté en décembre 2012 par la police australienne à Sidney. Depuis quelques années, l’usurpation d’identité sur Internet s’est largement généralisée, au point que les pays de l’OCDE se sont saisis du problème. Le FBI a également défini cette arnaque comme l’une de ses priorités du moment. En France, Daniel Martin, ancien commissaire divisionnaire de la DST (aujourd’hui intégrée à la DCRI) dénombre plus de 120 000 fraudes chaque année en France.