Le 11 février 2011, l’annonce de la chute du président égyptien Hosni Moubarak, après 18 jours de manifestations massives, provoquait une explosion de joie place Tahrir, au Caire. Un an après, l’euphorie est largement retombée. Ceux qui réclamaient le départ de Moubarak veulent aujourd’hui la tête du maréchal Hussein Tantaoui, le chef du Conseil suprême des forces armées.
A tel point que pour célébrer l’anniversaire de la chute de l’ancien président, les militants pro-démocratie ont appelé samedi à une journée de grève générale pour faire pression sur l’armée. "Il n’y a aucune différence entre le Conseil militaire et Moubarak", résume un étudiant du Caire.
L'armée déployée dans le pays
Des manifestations sont prévues, sur l’emblématique place Tahrir, mais aussi dans d’autres villes du pays. L’armée doit se déployer à travers le pays pour assurer la sécurité, et vendredi, le Conseil suprême des forces armées a prévenu qu’il ne cèderait ni aux "menaces", ni aux "pressions". Les appels à la mobilisation n’ont pas été entendus par tous : les Frères musulmans, qui dominent le nouveau Parlement, s’y sont opposés, comme de nombreux Égyptiens.
L’insécurité et la dégradation croissante de l’économie sont des sujets de préoccupation majeurs en Égypte, où le secteur du tourisme, vital pour l’économie, ont accusé en 2011 une baisse de 30%. Mais ce chiffre, qui correspond à un manque à gagner de 4 milliards de dollars, est jugé par beaucoup d’opérateurs très en-deçà de la réalité.
Un procès problématique
Quant au procès d’Hosni Moubarak, qui devait être un procès pour l’Histoire, il a parfois tourné à la farce. A l’audience, un homme disant être l’avocat de l’ancien raïs a ainsi assuré que l’homme couché dans une civière n’était pas Hosni Moubarak mais un sosie, et a exigé des tests ADN. Un autre a profité d’une suspension d’audience pour se déclarer candidat à la présidence, promettant de légaliser le haschich.
Le dossier constitué par le parquet contre Hosni Moubarak n’est par ailleurs pas aussi complet que l’espéraient les familles des victimes de la répression pendant la révolte. L’accusé, lui, âgé de 83 ans, assiste à son procès depuis une civière. Il vient d’être transféré de l’hôpital militaire où il était soigné à un hôpital carcéral. Le verdict du procès risque de poser problème au pouvoir militaire : Moubarak est passible de la peine de mort, mais ses avocats, ainsi que des experts, estiment qu’il aurait des motifs sérieux de faire appel. Mais à l’inverse, un acquittement risquerait de relancer un mouvement massif de protestation de la rue contre l’armée.