Octavien Ngenzi et Tito Barahira ont tous deux été bourgmestres de Kabarondo, une commune du Rwanda où des centaines de personnes ont été massacrées en 1994. Détenus en France, tous deux vont être jugés pour génocide et crimes contre l'humanité en France pour leur participation présumée au génocide rwandais. Deux juges d'instruction parisiens ont ordonné leur renvoi aux assises.
Des victimes ou des proches présents. Il s'agira du deuxième procès en France du génocide rwandais, après la condamnation en mars à Paris de Pascal Simbikangwa à 25 ans de réclusion criminelle. Mais cette fois, le procès des deux hommes se tiendrait en présence de victimes ou de proches, puisque neuf d'entre eux sont parties civiles, aux côtés des associations.
Un "donneur d'ordre". Les deux hommes, qui contestent les faits, sont notamment accusés d'avoir participé au massacre de centaines de Tutsi réfugiés dans une églie de Kabarondo, dans l'est du Rwanda, le 13 avril 1994. Octavien Ngenzi, âgé de 56 ans, a été bourgmestre de la commune de 1986 à 1994. Des témoins l'ont dépeint pendant l'enquête comme un "donneur d'ordre" et un "coauteur direct des crimes". Quant à Tito Barahira, 62 ans, prédécesseur d'Octavien Ngenzi, il a été décrit de son côté comme un "participant direct et convaincu", "un encadreur", "un participant actif".
Une vingtaine d'enquêtes en cours. Alain Gauthier, président du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR), a indiqué que le renvoi des deux hommes était pour l'association "la preuve que le travail que nous menons est pris au sérieux par les juges". Le Collectif a déposé de nombreuses plaintes en France contre des génocidaires présumés. Plus d'une vingtaine d'enquêtes sont en cours au pôle "crimes contre l'humanité" du tribunal de grande instance de Paris sur des Rwandais soupçonnés d'avoir participé aux massacres.
"Satisfaction" de Kigali. Samedi, les autorités rwandaises ont dit leur "satisfaction". "Même si ça a pris du temps", souligne le porte-parole du procureur général du Rwanda, ajoutant : "on aurait souhaité qu'ils soient jugés au Rwanda, [...] là où les crimes ont té commis, mais l'essentiel est que justice se fasse".
CHRONIQUE - Génocides : un devoir de mémoire sélectif
JUSTICE - Génocide rwandais : Muhayimana arrêté à Rouen
CHRONOLOGIE - Le génocide Rwandais en dix dates-clés
RWANDA - Que sont devenus les enfants du génocide ?