D’ici quelques semaines, ils incarneront l’Union européenne. Le nom de certains de ces candidats vous dit peut-être déjà quelque chose. D’autres sont encore des inconnus en dehors de leurs pays d’origine. Mais s’ils sont élus au Parlement européen, il faudra compter avec ces personnalités, qui font parfois partie de la grand vague eurosceptique annoncée pour dimanche. Sélection de ces quelques figures montantes qui devraient détonner dans l’hémicycle de Strasbourg.
En Grande-Bretagne, Nigel Farage. Le patron de l’Ukip, parti populiste et europhobe, caracole en tête des sondages outre-Manche. Ex-trader, déjà député européen depuis 2010, l’homme est aussi un survivant : il est sorti vivant d’un grave accident de la route, d’un cancer des testicules et d’un accident de son avion biplace, qui s’était empêtré dans… sa bannière électorale. Nigel Farage a fait parler de lui peu après son entrée au Parlement européen, quand il a jeté à Herman Van Rompuy, président de l’UE : "sans vouloir être désagréable, qui êtes-vous ? Vous avez le charisme d’une serpillière mouillée".
Le coup d'éclat de Nigel Farage face à Von Rompuy :
Le Britannique assure qu’il "aime l’Europe". En revanche, il "hait le drapeau, l’hymne, les institutions de l’Union politique". Son discours et son franc-parler séduisent, surtout les classes moyennes et inférieures.
> Les derniers sondages : l’Ukip est crédité d’environ 30% des intentions de vote outre-Manche.
En Pologne, Janusz Korwin-Mikke. Mathématicien excentrique de 72 ans, cet ancien dissident anticommuniste ultra-libéral annonce la couleur : il clame vouloir entrer au Parlement européen pour "démanteler l’Union européenne de l’intérieur". L’homme ne fait pas dans la dentelle et s’il est élu, il promet de vendre le siège du Parlement européen pour en faire… un "bordel" ! Malgré ce programme pour le moins limité, son parti, le Congrès de la nouvelle droite, séduit tout de même certains Polonais, surtout les jeunes.
> Les derniers sondages : A la mi-mai, son parti était crédité de 7% des intentions de vote, soit assez pour siéger au Parlement.
En Grèce, Manolis Glezos. Il est un peu le "Stéphane Hessel" grec. Cet ancien résistant de 92 ans est devenu une figure emblématique du Syriza, le parti de la gauche radicale. Âgé de 18 ans en 1941, il s’illustre lors d’une opération devenue légendaire, en pleine occupation du pays par les Allemands : avec un compagnon, il se rend jusque sur l’Acropole pour retirer le drapeau nazi qui y flottait. Depuis le début de la crise il y a six ans, Manolis Glezos résiste contre les mesures d’austérité imposées à la Grèce par l’Union européenne et le FMI. Elu député du Syriza en 2012, il a démissionné pour pouvoir se présenter aux européennes. S’il est élu, il compte bien poursuivre son autre combat : "demander à l’Allemagne de payer ses dettes de guerre".
> Les derniers sondages : lors du premier tour des élections locales en Grèce, dimanche, un scrutin-test avant celui du 25 mai, son parti a fait une percée importante.
En Italie, les "Grillini". Les partisans de l’ex-humoriste Beppe Grillo, du Mouvement Cinq Etoiles (M5S) qui avait créé la surprise lors des dernières législatives, ont toujours le vent en poupe. Malgré un bilan contesté, le M5S continue de surfer sur le mécontentement contre la classe politique. Beppe Grillo n’est pas lui-même candidat, mais il a assuré le show pendant la campagne, plaidant pour une sortie de l’euro, sauf si les sévères critères financiers et budgétaires de la monnaie unique sont revus.
Beppe Grillo en campagne à Turin :
Quant aux candidats qui se présentent, ils ne sont pas des professionnels de la politique et leurs noms ont été classés par ordre alphabétiques sur les listes du M5S. Au Parlement italien, les élus du mouvement se sont souvent distingués en perturbant les séances, et pourraient bien faire aussi parler d’eux au Parlement européen.
> Les derniers sondages : Les "Grillini" sont crédités d’un quart des voix.
En Bulgarie, Nikolay Barekov. Ancien journaliste de télévision, le Bulgare Nikolay Barekov semble avoir réussi son coup en lançant son parti, La Bulgarie sans censure, au début de l’année. Ce quadragénaire se veut farouchement anti-corruption, un thème qui compte en Bulgarie, note The Economist. Outre une "opération mains propres", l’ancien journaliste promet aussi de fournir des tablettes numériques gratuites pour les écoliers et d’instaurer un service militaire obligatoire pour les Roms, précise le site Euractiv. Mais les liens de Nikolay Barekov avec le sulfureux député Delyan Peevski ont fait jaser. Magnat des médias controversé, ce dernier incarne en effet la corruption aux yeux d’une grande partie de la population.
> Les derniers sondages : La Bulgarie sans censure était crédité de 9,4% des intentions de vote fin avril.
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