L'INFO. Pour les migrants, Lampedusa, où plus de 130 personnes sont mortes jeudi dans le naufrage de leur bateau, n'est pas une destination mais un point de passage. L'île italienne est en effet une véritable porte vers l'Europe. Depuis des années, l'Italie réclame plus de solidarité à ses voisins pour faire face à ces flux migratoires, en vain. Et la tragédie de Lampedusa ne devrait pas changer la donne.
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Des contrôles aux frontières et patrouilles. La solidarité européenne existe bien quand il s'agit de renforcer les contrôles aux frontières et de patrouiller pour renforcer les migrants clandestins. L'UE s'est dotée d'outils communs, comme Frontex, l'Agence européenne pour la gestion de la coopération aux frontières extérieures. Son rôle : analyser les routes migratoires et organiser des opérations aux frontières, sur terre et en mer. Mais son budget, 85 millions d'euros, est souvent jugé dérisoire. Quant au nouveau programme Eurosur, qui doit entrer en vigueur le 2 décembre et qui doit permettre de mieux "pister, identifier et secourir" les navires de migrants, il ne fait pas l'unanimité. Pour le réseau Migreurop, Eurosur ne répond en effet pas au "vrai problème" : "pourquoi est-ce que des migrants ou des réfugiés ont besoin de venir en Europe ?".
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Une politique avant tout nationale. Au sein de l'Union européenne, l'immigration demeure une politique nationale, sans politique commune. Bruxelles a bien proposé de répartir les réfugiés afin d'alléger le fardeau de l'Italie et des autres États du sud de l'Europe. Sans succès. Cecilia Malmström, commissaire européenne chargée des Affaires intérieures, a plaidé pour un peu plus d'immigration légale, afin de réduire les victimes des voyages périlleux des clandestins vers l'Europe, là aussi en vain.
Stressing at UN seminar the need to protect migrants and open legal migration channels to reduce desperate journeys and tragedies at sea/CM— Cecilia Malmström (@MalmstromEU) October 4, 2013
Des opinions publiques hostiles. Les pays du nord de l'Europe font en effet la sourde oreille. Confrontés à une montée des partis extrémistes et à des opinions publiques hostiles, les États ne veulent plus de migrants. Au Royaume-Uni par exemple, les conservateurs au pouvoir, inquiets de la poussée du parti nationaliste Ukip, ont durci le ton sur l'immigration. En Europe, la politique du chacun pour soi n'est pas près de changer.
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