La Libye est littéralement au bord de l’explosion. Depuis dimanche soir, un immense dépôt de stockage de carburant à Tripoli est en feu et l’incendie n’est toujours pas maîtrisé. En cause : de violents combats entre milices rivales dans la zone. Les autorités redoutent une "catastrophe" si le feu se propage aux réservoirs de gaz naturel. Ailleurs dans le pays, d’autres combats, très violents, opposent l’armée et des milices islamistes. Face à une situation de plus en plus chaotique, les ressortissants étrangers commencent à quitter le pays.
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A Tripoli, "on voit de la fumée". Ce n’est pas le cas de Joël, un chef d’entreprise installé à Tripoli, à 6 kilomètres des affrontements. Depuis sa fenêtre, il peut voir les colonnes de fumée. "On entend surtout des bombardements, on voit de la fumée, on voit le feu. La maison vibre, il y a des impacts. La nuit, le jour : ça s’arrête rarement", raconte-t-il à Europe 1. Dans son quartier, l’électricité est coupée, les barrages se montent et se défont, sans cohérence.
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En plus de deux semaines, les combats, concentrés à l’aéroport de Tripoli, ont déjà fait au moins 97 morts et 400 blessés. La bataille a commencé le 13 juillet, après une attaque menée par des combattants islamistes et d’ex-rebelles de la ville de Misrata, à 200 kilomètres de Tripoli. Ces derniers tentent de chasser de l’aéroport leurs anciens compagnons d’armes, venus de Zenten, considérés comme le bras armé de la mouvance libérale.
Face à cette situation chaotique, que le gouvernement ne parvient pas à maîtriser, Joël se rassure comme il peut. "Ce n’est pas facile, mais les tirs sont excentrés par rapport au centre ville", assure le Français. Pas question pour lui de partir dans l’immédiat : "j’ai ma belle-famille qui est libyenne, donc je ne vais pas laisser ces personnes-là toutes seules".
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A Benghazi, le "dégoût" d’un Franco-libyen. D’autres combats font rage à Benghazi, dans l’est de la Libye. Ils opposent l’armée libyenne et des groupes radicaux. Samedi, ces groupes islamistes ont lancé une offensive contre le quartier général de l’unité des Forces spéciales de l’armée, près du centre-ville. En 24 heures, au moins 38 personnes, pour la plupart des soldats, ont été tuées.
Au micro d’Europe 1, Hicham, un Franco-libyen installé à Benghazi, confie qu’il est "dégoûté". Dans ces affrontements à coups de roquettes, les trois-quarts des avions de la compagnie pour laquelle il travaille ont été détruits. Pour le jeune homme, cette situation représente "presque un retour en arrière". "La différence avec la révolution [qui a fait chuter Mouammar Kadhafi en 2011, ndlr], c’est que l’ennemi était clair. Là, c’est beaucoup plus compliqué, parce qu’il y a des gars qui ne veulent pas lâcher le pouvoir", soutient-il.
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"Pour eux, le développement de la Libye, c’est quelque chose de secondaire par rapport à leur profit personnel", explique Hicham. "Nous en tant que citoyens, on est un peu exclus du jeu. Là on subit vraiment, en victimes", poursuit-il. Lui aimerait bien rentrer en France. Mais impossible pour l’instant de parcourir les mille kilomètres qui le séparent de Tripoli, où l’ambassade française, retranchée dans un hôtel, tente d’organiser le rapatriement des Français.
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