L'info. Interdire Uber pour lutter contre les viols, voilà comment peut s'interpréter la réaction des autorités de New Delhi, la capitale indienne. Vendredi, un chauffeur de la compagnie Uber est soupçonné d'avoir violé une de ses clientes de 25 ans qui rentrait d'une soirée dans le sud de la ville. Le conducteur l'aurait ensuite raccompagné chez elle, en la menaçant pour qu'elle garde le silence. La victime a cependant pu prendre une photo de la voiture et noter le numéro de la plaque d'immatriculation.
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Le suspect, retrouvé dans un village de son Etat d'origine, l'Uttar Pradesh, sera présenté lundi à un juge de New Delhi. Mais il n'est pas le seul à être dans l'œil du cyclone, puisque la municipalité a annoncé qu'elle allait engager une procédure contre Uber, accusée de ne pas avoir vérifié les antécédents du chauffeur.
La conséquence pour Uber. Un coup d'arrêt pour la start-up californienne qui cherchait à conquérir l'immense marché indien en faisant de la sécurité l'un des ses arguments. Uber a réagi par voie de communiqué en expliquant qu'elle collaborait avec la police pour résoudre "ce crime terrible".
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Il y a deux ans déjà, une jeune étudiante était morte de ses blessures après avoir été violée dans un bus de New Delhi. Les manifestations de masse et le durcissement de la législation indienne en matière de viol qui s'en étaient suivis semblait avoir levé un tabou. Mais ce nouveau viol, qui fait écho à d'autres agressions survenues ces deux dernières années, laisse croire que New Delhi mérite toujours son triste surnom de "capitale du viol". Et ce malgré plusieurs initiatives lancées depuis.
Les questions sur la condition de la femme qui demeurent. Début 2014, Rakhi Birla, la ministre du droit des femmes de New Delhi, avait créé des commandos "Taekwendo". Ces petits groupes de femmes formées au combat, entraînées par des experts en arts martiaux et des anciens militaires, sont chargés d'appuyer la police et d'assurer la sécurité des femmes dans les rues de la ville la nuit. Une mesure qualifiée de "cosmétique" par plusieurs associations de défense des droits des femmes, pour qui créer une force parallèle à la police n'aurait pas de sens. " Nous devons avoir plus de femmes au sein de la police plutôt qu'une force secondaire", avait déclaré à l'époque Ranjana Kumari du "Centre for Social Research"au Huffington Post.