>> L'info. L'Inde est sous le choc après la mort de celle qu'on surnomme aujourd'hui "The India's Daughter", "la fille de l'Inde". La cérémonie de crémation de l'étudiante victime d'un viol collectif mi-décembre s'est tenue dimanche à New Delhi où l'on a appris que la victime devait se marier prochainement.
• La cérémonie. La dépouille meurtrie de l'étudiante en kinésithérapie de 23 ans a été brûlée sur un bûcher funéraire, conformément à la tradition hindoue, en présence de sa famille et de responsables politiques, dans le district de Dwarka, dans le sud-ouest de la capitale indienne. La courte cérémonie s'est déroulée sous haute protection policière quelques heures après l'arrivée du corps, placé dans un cercueil doré, à l'aéroport de Delhi où les parents de la jeune femme ont été accueillis par le Premier ministre, Manmohan Singh, et la présidente du parti du Congrès, Sonia Gandhi.
"Je suis venue parce que j'aimais vraiment cette fille. Elle était la plus brillante de toutes les filles de notre quartier", a confié Meena Rai, une amie et voisine de la victime, à l'issue des funérailles.
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• Un mariage de prévu. Violée à plusieurs reprises, cette étudiante devait bientôt se marier. "Ils avaient fait tous les préparatifs pour se marier et avaient prévu de fêter leurs noces à Delhi", a confié Meena Rai qui avait accompagné son amie pour l'aider à choisir ses habits nuptiaux. Selon une autre amie, Usha Rai, le couple devait s'unir au mois de février.
• Une famille pauvre. Ses proches ont unanimement loué le courage et la détermination de la jeune fille à honorer le sacrifice de ses parents qui ont vendu leur lopin de terre dans l'Etat de l'Uttar Pradesh afin de financer ses études. Ils vivaient pauvrement près de l'aéroport de New Delhi où travaillait son père. La jeune fille, ses deux frères et leurs parents partageaient l'unique chambre de l'appartement.
• Des manifestations. Mais la nature particulièrement violente de l'attaque a fait exploser la colère jusque-là contenue. New Delhi, dont le centre-ville a été depuis en partie bouclé par les forces de l'ordre, a été le théâtre de vastes manifestations qui ont fait au moins un mort. Répondant à l'appel au calme du gouvernement, des milliers de personnes se sont rassemblées samedi soir à New Delhi pour participer à des veillées aux chandelles.
"Ce n'est pas le premier ni le dernier cas de viol collectif, mais il est clair que nous tolèrerons plus les crimes sexuels", a déclaré Bela Rana, une avocate venue exprimer sa solidarité sur une grande place de la capitale. "Que fera exactement le gouvernement pour rendre le pays plus sûr pour toutes les femmes ? Et que fera chacun d'entre nous pour lutter contre les préjugés et la misogynie profondément ancrés dans notre société", s'interrogeait dimanche le grand quotidien The Times of India dans un éditorial.