Bienheureux celui qui arrive à prédire le résultat du référendum sur l’indépendance de l’Ecosse qui doit se tenir le 18 septembre. Mais dans la campagne, aussi bien celle du ‘oui’ que celle du ‘non’, l’argument économique revient systématiquement. L’Ecosse indépendante pourra-t-elle tenir le coup sur un marché mondialisé ? Le Royaume-(dés)uni peut-il s’en sortir sans le nord de son territoire ? Europe 1 tente d’y voir un peu plus clair en décryptant quelques indicateurs.
Les Écossais et les Britanniques, parmi les plus riches de l’Union européenne
Les Scottish seraient même plus riches que leurs voisins du Royaume-Uni, selon des chiffres du gouvernement d'Édimbourg. Avec un PIB par habitant de 30.645 euros, les Écossais se retrouveraient juste derrière la France et bien devant le Royaume-Uni, qui perdrait près de 2.300 dollars par habitant en laissant filer l’Ecosse, selon des chiffres croisés avec ceux de la Banque mondiale.
Il faut en revanche bien faire le distinguo entre le PIB par habitant et le PIB du pays. La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni caracolent en tête du classement des pays les plus riches de l’Union européenne. Si l’Ecosse venait à prendre son indépendance, Londres n’en perdrait pas sa médaille de bronze des économies européennes.
Selon différentes prospections du gouvernement écossais, le PIB du pays s’élèvera entre 163 et 191 milliards d'euros, contre un peu plus de 136 000 milliards d'euros pour le Royaume-Uni. Édimbourg se retrouverait juste en-dessous du Danemark, 12e du classement de l’Union européenne.
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Mais l’Ecosse est grandement dépendante de ses revenus pétroliers. De très nombreux gisements de pétrole et de gaz implantés en mer du Nord génèrent à l’heure actuelle des revenus considérables pour Londres. 96% de la production de pétrole britannique vient des eaux écossaises et 47% de la production de gaz, selon le site d’informations Full fact. Le Royaume-Uni pourrait bien devoir se séparer de cette manne.
Deux solutions à cela : partager les revenus en proportion de la population (8,3 % des habitants du Royaume-Uni sont Écossais) ou selon la répartition géographique des puits. La bataille pour la définition des eaux territoriales écossaises pourrait donc s’avérer très longue, car le PIB de l’Ecosse pourrait varier considérablement en fonction des accords avec Londres : 163 milliards d'euros sans les revenus pétroliers, 165 milliards s’ils sont partagés démographiquement et 191 milliards si l’Ecosse récupère les revenus de tous les puits situés dans ses potentielles eaux territoriales.
Mais la dépendance de l’Ecosse aux ressources pétrolières est également pointée du doigt. Dans le meilleure des cas, si Londres accepte de lâcher la quasi-totalité des puits, la manne pétrolière pourrait représenter jusqu’à 15% du PIB de l’Ecosse, selon les chiffres d'Édimbourg. Un chiffre qui tombe à 1,5% pour Londres. Or, si le nombre de puits n’évolue pas considérablement, les productions pétrolière et gazière et le prix de vente peuvent considérablement varier d’une année à l’autre. Depuis 12 ans, les revenus du pétrole et du gaz ont pu varier jusqu’à 35% d’une année à l’autre. Une instabilité difficile à gérer quand ces revenus représentent près d’un dixième des rentrées d’argent d’un Etat.
L’énergie à double-tranchant
Ils ont beaucoup d’énergie renouvelable, des centrales hydroélectriques, un important parc éolien ainsi que le projet d’un énorme complexe d’éoliennes offshore dans le Moray Firth, le troisième plus gros au monde, selon la BBC. Ce complexe pourrait fournir de l’énergie à plus d’un million de foyers, sur un total de 2,4 millions de foyers en Ecosse. D’ici 2020, le gouvernement écossais a l’intention d’être indépendant énergétiquement.
Selon la BBC, en tout cas, les habitants d’Angleterre et du Pays de Galles pourraient voir leur facture d’énergie baisser si l’Ecosse se désolidarise du Royaume-Uni. En effet, Londres prend en charge les travaux d’infrastructure, coûteux dans le nord écossais très rural, qui ne concentre que 8,3% des contribuables du pays.
Pour autant, selon Full Fact, impossible de prédire les effets de cette politique énergétique sur la facture énergétique des Écossais. Car d’autres facteurs entrent en compte : la dette sur l’énergie, contractée par Londres mais qui pourrait être en partie transférée à Édimbourg, mais également les démantèlements à venir des puits pétroliers ou gaziers arrivés à épuisement. Ces coûts, pris en charge par les impôts de la totalité des britanniques, arriveraient sur les épaules des seuls Écossais, en cas d’indépendance.