Bagdad est assiégée. Les djihadistes de l’Etat islamique en Irak et au Levant l’encerclent et ne sont plus mercredi qu’à quelques dizaines de kilomètres de la ville. Même si plus de 1.000 personnes ont été tuées en Irak depuis le 5 juin dernier, la vie suit son cours dans la capitale où les attentats quotidiens n'empêchent d'allumer la télévision pour suivre la Coupe du monde. Reportage dans les rues de Bagdad avec Europe 1.
Branchés sur le foot. En pleine guerre contre les islamistes de l’Etat islamique en Irak et au Levant, les habitants de la capitale irakienne ne s’empêchent pas d’allumer leur poste de télévision, mais pas que pour suivre l’avancer des djihadistes aux portes de leur ville : "En ce moment, on regarde tous la Coupe du monde, pas l’actualité", explique Ali qui refuse de "s’enfermer dans la guerre".
Gilet par balles et ballon rond. C’est un peu le visage de cette ville. Entre incertitude et détonation, on plaisante avec ses amis. Ali se met à chanter près d’une télé branchée sur le Mondial. Cinq camions de pompiers passent à toute allure. Personne n’y prête attention.
Pourtant, depuis deux semaines, l’inquiétude est plus forte qu’à l’accoutumée. Les Irakiens de la capitale ont dévalisé les boutiques de matériel paramilitaire, pour avoir, au cas où, un gilet par balles, avant de retourner regarder un match de football. "Elle dure depuis onze ans", la guerre, "on doit bien vivre !".
Les bouchons, les bombes et le prix des tomates. Sauf que la routine à Bagdad, ce sont aussi les murs de béton et les checkpoints. Avec les explosions sont venus les embouteillages. Impossible de faire 100 mètres ici sans passer un barrage de police. Les Bagdadis bravent les bombes et les bouchons.
Les habitants, pourtant, ne bousculent pas franchement leur quotidien. Un client du marché, d’ailleurs, s’énerve plus du prix des légumes que des bombes qui explosent. "Prenez les tomates ! Leur tarif a doublé depuis la prise de Mossoul", s’agace Ali sans s’étonner : "C’est toujours comme ça, ici. Dès qu’il se passe quelque chose, tout augmente."
Le marché, cible favorite. Mais la peur plane plus qu’à l’accoutumée entre les étals : "Avec les événements (au nord de l’Irak, ndlr.), il y a moins de mouvement, oui. Les clients sont anxieux", concède Youssef, un vendeur du marché. "Ils viennent et repartent très vite".
Et pour cause, le marché est le lieu favori des terroristes pour déclencher les explosifs. Le corps et la vitrine de Youssef portent encore les traces de la dernière attaque : "La cicatrice sur mon bras, là, c’était il y a deux mois", raconte-t-il en montrant sa chair. "Deux bombes ont explosé lorsque j’étais à la caisse. La vitrine s’est brisée", se souvient le marchand.
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