Dans une vallée du Kurdistan résonne le son d’un canon français. Des membres des forces spéciales françaises y forment des combattants kurdes à l’utilisation d’armes livrées par la France. Objectif : lutter contre les djihadistes de l’Etat islamique qui avancent en Irak.
L’alerte a été lancée le 7 août, par un message du chef du Détachement des forces spéciales-Irak de l'armée française. L’Etat islamique fond sur le Kurdistan irakien, renforcé par le matériel dernier cri pris à l’armée irakienne. En moins de 48 heures, Paris réagit. Ned et Vito, deux membres des forces spéciales, passent "direct des tongs au treillis", rigolent-ils. Le 9 août, ils partent, coincés dans un avion "entre les canons et les mitrailleuses, pour commencer à bosser au plus vite".
"Un truc parfait, bien adapté". Aujourd’hui, Vito forme Mahmoud, un combattant d’élite de la garde présidentielle kurde, à l’utilisation d’un canon anti-char. Ces armes livrées par la France offrent enfin aux peshmergas la portée et la puissance qui leur faisait défaut pour affronter les djihadistes. "Là, ils ont ce qu’il faut", estime, Mumu, un instructeur des forces spéciales, spécialiste de l’armement. Avec ces armes, "un char moyen, on le traverse", explique-t-il. Il continue : "A un kilomètre, un obus explosif perce 10 centimètres de béton armé. Avant d’exploser … C’est terrorisant, je n’aimerais pas être en-dessous !".
Pour ce spécialiste de l’armement, l’avantage de ces armes est de ne pas "demander une grosse formation pour le tir et la précision" pour les peshmergas kurdes. "Là, ils ont ce qu’il faut" pour combattre l’Etat islamique : "de la mobilité, de la puissance de feu. On fait un petit mélange, on va avoir un truc parfait, bien adapté à la situation, à la culture de ces gens". Une culture kurde partagée par une équipe des forces spéciales, qui est installée au milieu des combattants, mange et vit avec eux. Cette convivialité crée confiance et de la motivation chez les peshmergas.
Une aide qui "fait une différence". Les combattants kurdes, eux, se réjouissent d’avoir ces obus, chargés sur les camions de la garde présidentielle de Barzani. "Ca fait une différence, c’est 100 fois mieux", explique Mahmoud, un peshmerga. "Nous n’avions pas d’armes qui percent les blindés", rappelle-t-il, avant de remercier "la France", qui "nous a aidés".
Alors certes, la guerre contre les djihadistes de l’Etat islamique est loin d’être gagnée, mais "c’est plus facile de combattre l’ennemi avec ça", affirme Mahmoud. La preuve, ce jour-là, des miliciens kurdes ont arrêté des colonnes de l’Etat islamique dans le nord de l’Irak.
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