C’est (enfin) une bonne nouvelle en Irak : avec l’aide de l’aviation américaine, les forces kurdes, les peshmergas, ont réussi à reprendre le plus grand barrage hydroélectrique d’Irak, celui de Mossoul. L’ouvrage était aux mains des djihadistes de l’Etat islamique (EI) depuis le 7 août. Cette victoire peut sembler anecdotique, mais elle ne l’est pas. Car celui qui contrôle le barrage de Mossoul peut le transformer en véritable arme de guerre et l’utiliser pour contrôler l’accès des Irakiens à l’eau.
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"Le barrage le plus dangereux du monde". Ce barrage, construit à l’époque de Saddam Hussein et situé à environ 50 kilomètres de Mossoul, fournit de l’eau et de l’électricité à la majeure partie de la région. Mais pour l’armée américaine, il s’agit du "barrage le plus dangereux du monde", indique CNN. Bâtie sur des fondations instables, la structure nécessite des travaux de maintenance et représente un réel danger, notait dès 2007 le commandant des forces américaines en Irak, David Petraeus, rappelle la BBC.
Le barrage est situé au nord de Mossoul et sa rupture pourrait menacer jusqu'à Bagdad :
Dans une lettre, il prévenait qu’une "rupture catastrophique du barrage de Mossoul aurait pour effet une inondation tout le long du fleuve Tigre, jusqu’à Bagdad". Dans le pire des cas, une telle rupture pourrait libérer une vague de 20 mètres de haut sur la ville de Mossoul, avec des pertes humaines et des dégâts matériels considérables, en quelques jours, voire quelques heures.
Une destruction criminelle redoutée. Plus qu’un accident, les Irakiens redoutaient surtout une destruction criminelle du barrage par l’EI. Les djihadistes ont déjà montré par le passé qu’ils étaient capables d’utiliser un barrage comme puissante arme de guerre. C’était en avril dernier, à Fallouja, où quelque 40.000 personnes ont dû être déplacées. Les djihadistes ont fermé une partie de barrage, inondant des villages en amont et privant d’eau une partie du sud de l’Irak.
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Car l’autre scénario possible pour l’EI aurait été de couper l’eau aux habitants des grandes villes d’Irak et d’assécher leurs cultures. Avec la prise du barrage par les peshmergas, les Irakiens peuvent souffler un peu, en attendant la prochaine étape de cette guerre de l’eau qui semble ne faire que commencer.
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