Huit ans et neuf mois après l’avoir envahi, l’armée américaine a quitté l’Irak dimanche, à l’aube. Le dernier convoi, composé de 110 véhicules et transportant environ 500 soldats a traversé la frontière à 7h30. L’opération Iraqi Freedom, qui devait se révéler être la guerre la plus controversée depuis celle du Vietnam, est donc terminée. Ainsi s'achève une invasion lancée sans l'aval de l'ONU pour trouver des armes de destruction massives que Saddam Hussein aurait cachées… mais qui n’existaient pas.
"Agréable de savoir que c’est fini"
L'armée américaine, qui a compté jusqu'à 170.000 hommes au plus fort de la lutte contre l'insurrection, a abandonné 505 bases. Il ne restera plus que 157 soldats américains chargés d'entraîner les forces irakiennes et un contingent de Marines pour protéger l'ambassade. "Je me sens vraiment bien", lâche le sergent Duane Austin, 27 ans qui a effectué trois rotations en Irak. "Il est temps de rentrer à la maison où m'attendent une femme et deux enfants", confie-t-il. "C'est quand même agréable de savoir que c'est vraiment fini". Certains soldats applaudissaient visiblement soulagés.
Désormais, les 900.000 éléments des forces irakiennes auront la lourde tâche d'assumer seuls la sécurité alors que les insurgés, notamment Al-Qaïda, bien qu'affaiblis, peuvent encore faire couler le sang. Ils devront aussi empêcher la résurgence des milices et une réédition d'une guerre confessionnelle entre chiites et sunnites qui avait fait des dizaines de milliers de morts en 2006 et 2007.
"Fier comme chaque Irakien doit l’être"
Les Américains laissent un pays plongé dans une crise politique, avec la décision du bloc laïque Iraqiya de l'ancien Premier ministre Iyad Allaoui, de suspendre à partir de samedi sa participation aux travaux du Parlement. Et si l’Irak exporte environ 2,2 millions de barils de pétrole par jour, lui rapportant 7 milliards de dollars par mois, les services de base comme la distribution d'électricité et l'eau potable sont toujours défectueux.
Mais les Irakiens interrogés se montrent tout de même satisfait. "Je suis fier comme chaque Irakien doit l'être", déclare Safa, un boulanger de 26 ans à Karrada, dans le centre de Bagdad. "Les Américains ont renversé Saddam Hussein, mais notre vie depuis s'est dégradée", a-t-il ajouté.