"No boots on the ground of Irak". Quand il dévoile son "plan anti-jihad" destiné à "détruire l’Etat islamique" le 11 septembre dernier, le président américain est clair sur ce point. Dans les opérations au sol, les Etats-Unis se limiteront au strict minimum, à savoir encadrer l’armée irakienne, les factions de l’Armée Syrienne Libre et les forces kurdes. 300 instructeurs et quelques forces spéciales sont donc déployés, mais le rôle principal de Washington dans cette lutte se joue dans les airs, où les bombardiers multiplient les frappes aériennes.
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Un message clair, qu’est venu brouiller mardi soir le général en chef des forces interarmées Martin Dempsey. Comme le rapporte le site canadien La presse, ce dernier a déclaré avec prudence qu’il pourrait revenir vers le président et "faire une recommandation qui pourrait inclure l’usage de forces terrestres".
>> Qui faut-il croire ? Et quelle sera donc la stratégie des Etats-Unis, tiraillés entre la nécessité de détruire au plus vite Daech (l’acronyme arabe de l’Etat islamique) et la crainte d’impliquer à nouveau des troupes au sol dans un conflit au Moyen-Orient ?
Opérations en Irak : des questions encore en...par Europe1frSans troupes au sol, le risque de dérapage existe. Contacté par Europe1.fr, Afzal Ashraf, professeur de relations internationales au Royal United Services Institute à Londres, estime qu’il y a un risque à faire reposer la lutte contre l’EI sur les seules forces kurdes et sur l’Armée Syrienne Libre." Par exemple, armer les Kurdes irakiens peut in fine renforcer le PKK (le parti indépendantiste kurde côté turc)". En effet, si les forces kurdes venaient à vaincre l’Etat islamique, ses représentants seraient en droit de demander la création d’un Etat kurde indépendant. Ce qui réveillerait donc les ambitions du PKK, qui lutte aussi pour son indépendance depuis des décennies.
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Fouad Massoum : "L’État islamique menace tous...par Europe1frOutre le cas kurde, Afzal Ashraf voit un autre danger pour les Etats-Unis dans cette campagne militaire : "les Etats-Unis ont décidé d’armer quelques factions au détriment d’autres. En agissant ainsi, ils modifient le rapport de force entre les acteurs de la région. Les groupes devenus plus puissants vont être tentés de lutter contre Bachar Al Assad ou même entre eux pour étendre leur sphère d’influence, ce qui ferait le jeu de l’EI. C’est le talon d’Achille de la stratégie d’Obama."
Mais une présence massive de l’armée américaine serait pire encore. Cependant, le consultant spécialiste du Moyen-Orient tempère : l’option prise par Washington d’encadrer l’armée irakienne, mais aussi les factions kurdes et syriennes est "la moins mauvaise des solutions". "Barack Obama a plutôt une vision avisée de la situation. Il a retenu la leçon la plus importante de ces dernières années : toujours chercher à minimiser la présence de troupes américaines à l’étranger", analyse-t-il. En effet, rien de plus naturel pour lui que de rejeter l’envahisseur : "c’est un sentiment universel !", s'exclame-t-il.
Quelle est la politique de Washington ? Washington navigue donc à vue. En encadrant les factions locales, les stratèges du Pentagone espèrent contrôler les combats sans trop s’impliquer, à quelques jours du vote du Congrès qui doit valider le plan annoncé par Obama. Mais surtout, ils espèrent éviter de rééditer l’expérience catastrophique de la guerre de 2003, qui avait jeté les bases du bourbier irakien. Et des dix ans de guerre civile qui s’en sont suivis.