Le patron de la télévision d'Etat iranienne, cible des ultra conservateurs furieux de la diffusion d'images de spectatrices en tenue légère lors de rencontres sportives, s'est défendu mercredi dans les médias, affirmant que tout avait été fait pour "éviter" ces images. Le 28 juin, la télévision d'Etat (Irib), qui retransmettait en direct le match de Ligue mondiale de volley-ball remporté par l'Iran en Italie, a diffusé des plans de supportrices iraniennes en T-Shirt échancré ou en minijupe. Le même jour, la télévision a montré furtivement la chanteuse Shakira en jupe très légère, assistant à la demi-finale de la Coupe des confédérations de football entre l'Espagne de son compagnon Gerald Piqué et l'Italie.
Ces images, de chaînes étrangères diffusées par l'Irib, ont provoqué la colère de députés conservateurs comme Ali Motahari, affirmant que leur diffusion n'était pas conforme aux règles islamiques.
Mercredi, l'hebdomadaire ultra conservateur Ya Lessarat a dénoncé le comportement "scandaleux" de la TV, se demandant "A quand l'ouverture des cabarets!". Ces critiques ont été rejetées par le président de l'Irib (radio-télévision de la République islamique), Ezzatollah Zarghami, directement nommé par le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei.
"Lors des matches de volley-ball, les spectateurs sont très proches du terrain et certaines femmes portent des vêtements inappropriés, rendant la situation difficile" pour le cadrage des images, a expliqué M. Zarghami, cité par les médias locaux. "La seule solution, c'est de ne pas diffuser ces matches", a-t-il dit, assurant regretter la diffusion de ces images "contraires à la charia". "Mais si on ne montre pas ces matches, les téléspectateurs vont se tourner vers les chaînes satellitaires (non censurées), a-t-il assuré. La meilleure solution est de diffuser ces matches en contrôlant les images".
L'Irib a donc retransmis le second match entre l'Iran et l'Italie, le 30 juin, "avec 7 secondes de retard pour supprimer certaines images ou les remplacer par des images d'archives", a-t-il précisé. Il a ajouté que ces "mesures" avaient en retour "provoqué l'énervement des téléspectateurs", perdus entre les points en direct et en différé. "Notre tâche sera encore plus difficile lors de la rencontre avec Cuba (les 5 et 6 juillet) à cause de la chaleur et les images seront encore pires", a prévenu le patron de l'Irib, avant d'ajouter ironiquement: "la prochaine fois, nous enverrons nos amis offrir des survêtements aux femmes qui assistent aux matches" pour qu'elles se couvrent.