Un groupe de députés conservateurs iraniens souhaite faire adopter une loi qui "obligerait" le programme nucléaire de Téhéran à enrichir de l'uranium jusqu'à 60% et donc à être en mesure de fabriquer une bombe atomique, a rapporté mercredi le site officiel Press TV.
Le camp conservateur, mécontent de l'ouverture diplomatique prônée par le nouveau président modéré Hassan Rohani, s'oppose à l'accord intérimaire entre Téhéran et les six grandes puissances du P5+1 conclu à Genève le mois dernier. Cet accord prévoit de limiter le programme nucléaire iranien en échange d'un allégement des sanctions.
Le projet de loi, "s'il est approuvé, obligera le gouvernement à (...) enrichir de l'uranium à 60% afin de fournir en combustible les moteurs de sous-marins en cas de durcissement des sanctions et si les droits de l'Iran au nucléaire sont ignorés", a déclaré Mehdi Moudavinejad, l'un des députés à l'origine du texte, selon Press TV.
Selon l'agence officielle Irna, le texte est soutenu par une centaine de députés et a été présenté avec un caractère d'urgence qui pourrait lui valoir d'être examiné d'ici une semaine au Majlis (Parlement). Néanmoins, les observateurs jugent improbable que le camp conservateur prenne le risque de menacer franchement l'accord du 24 novembre, alors que le Guide suprême Ali Khamenei, qui a le dernier mot dans les domaines régaliens, a fait savoir qu'il ne s'opposait pas à ce compromis, et plus largement à la politique menée par Hassan Rohani depuis son élection en juin.
"Le Parlement iranien détient peu de pouvoirs et, en particulier depuis la victoire électorale de Rohani, les élus les plus durs n'ont plus le dessus", explique un diplomate occidental en poste à Téhéran.