Iran : pourquoi cet accès de fièvre ?

Londres a aussitôt condamné cette "instrusion inacceptable".
Londres a aussitôt condamné cette "instrusion inacceptable". © REUTERS
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avec agences , modifié à
L'ambassade britannique à Téhéran a été attaquée. La communauté internationale hausse le ton.

La reine Elizabeth II n'a pas été épargnée. Les dizaines de manifestants qui se sont introduits dans l'ambassade de Grande-Bretagne à Téhéran mardi n'ont pas hésité à brandir son portrait, tête en bas. Sur des images télévisées, on peut les voir escalader le mur d'enceinte du bâtiment, briser des vitres pour aller saccager l'intérieur du bâtiment. Une réaction de colère contre les sanctions décidées par Londres contre l'Iran en raison de son programme nucléaire. Europe1.fr fait le point sur les événements en cours en Iran.

Que s'est-il passé à Téhéran ? Des manifestants se sont introduits mardi à deux reprises dans l'ambassade, pourtant difficile à atteindre, selon la BBC. Il s'agirait d''étudiants islamiques". Aux cris de "A mort l'Angleterre", ils ont saccagé les bureaux, jetant des objets par la fenêtre. Ils ont également enlevé le drapeau britannique pour le remplacer par le drapeau iranien, avant d'être évacués par la police au bout d'une heure. Ils sont revenus en début de soirée, incendiant notamment des documents. Sur une vidéo, on voit un jeune homme, juché sur le mur d'enceinte, déployant un drapeau britannique sur lequel figure une tête de mort.

La prise de l'ambassade par les assaillants :

Une autre attaque a été menée par quelque 200 étudiants sur l'ancienne résidence diplomatique de la Grande-Bretagne, au nord de Téhéran. Six employés de l'ambassade ont été retenus pendant un certain temps avant d'être libérés par la police, qui a bouclé les lieux.

Pourquoi une telle poussée de fièvre ? Les relations entre l'Iran et la Grande-Bretagne se sont tendues depuis que Londres a décidé, avec les Etats-Unis et le Canada, de prendre de nouvelles sanctions économiques contre Téhéran. En cause : le très controversé programme nucléaire iranien. Un rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique a en effet étayé les soupçons concernant la fabrication d'une arme nucléaire, ce que le gouvernement iranien a toujours démenti.

En représailles, le Parlement iranien a voté dimanche une loi visant à réduire les relations diplomatiques avec la Grande-Bretagne et prévoyant l'expulsion de son ambassadeur dans les deux semaines.

Comment réagit la communauté internationale ? Le ministère britannique des Affaires étrangères s'est aussitôt dit "scandalisé" par cette "intrusion inacceptable". Il en a appelé au gouvernement iranien, qui a "la claire obligation de protéger les diplomates et les ambassades sur son territoire". Londres a également appelé tous ses ressortissants en Iran à "rester chez eux" et à "adopter un profil bas".

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné mardi "dans les termes les plus sévères" l'attaque contre l'ambassade britannique. Aux Etats-Unis, Barack Obama a parlé d'une aggression "inacceptable".

La France a, de son côté, condamné "très fermement" cette irruption dans l'ambassade et "les dégradations intolérables qui y ont été commises". "Une fois de plus, le régime iranien vient d'administrer la preuve du peu de considération dans laquelle il tient la légalité internationale", ajoute Alain Juppé, citant la convention de Vienne, qui régit les relations diplomatiques. Même son de cloche du côté de Rome, qui a "fermement condamné" l'agression, la qualifiant d'"intolérable".

Que répond l'Iran ? Téhéran a fini par réagir également, regrettant cette attaque due au "comportement inacceptable d'un petit nombre de manifestants en dépit des efforts de la police". Le ministère iranien des Affaires étrangères affirme en outre avoir "demandé aux autorités de prendre immédiatement les mesures nécessaires" pour mettre fin à l'occupation des lieux.