L'accusation est grave. A peine quelques heures après la mort d'un scientifique dans l'explosion d'une voiture tout près de l'université Allameh Tabatabai de Téhéran, l'Iran a accusé Israël d'être à l'origine de cet attentat. Une affaire qui intervient en plein regain de tension entre le régime iranien et les Occidentaux.
"Israël est responsable de cet attentat, la méthode ressemble à celle utilisée dans les (autres) attentats contre les scientifiques iraniens", a certifié Safar-Ali Baratloo, vice-gouverneur de Téhéran, cité par la télévision iranienne en langue arabe Al-Alam. "Il s'agissait d'une bombe magnétique, du même type que celles déjà utilisées pour assassiner des scientifiques, et c'est l'oeuvre des sionistes", a-t-il affirmé, faisant référence aux autorités israéliennes.
Employé sur le site de Natanz
La victime, le professeur Mostafa Ahmadi-Roshan, travaillait dans le site d'enrichissement de Natanz, dans le centre de l'Iran. "L'ingénieur Ahmadi Roshan, qui a obtenu il y a neuf ans une licence en chimie à l'université Sharif était le vice-directeur pour les affaires commerciales du site de Natanz", a précisé l'agence Mehr.
Or, Ahmadi Roshan était un chimiste spécialisé dans les échanges gazeux. A ce titre, il était le responsable des centrifugeuses utilisées pour enrichir l’uranium dans le cadre du programme nucléaire que l’Iran continue de développer malgré les sanctions internationales.
L'Iran a démarré cette semaine une autre usine d'enrichissement, celle de Fordo, située à 150 km au sud-ouest de Téhéran pour y faire de l'enrichissement à 20%. Cette annonce a été condamnée par les pays occidentaux, qui craignent que le programme nucléaire civil de Téhéran ne cache un volet militaire, ce que dément l'intéressé.
Trois scientifiques tués depuis 2010
Selon des témoins cités par l'agence Fars, la bombe a été placée sur une voiture par le conducteur d'une motocyclette quelques instants avant d'exploser. Un piéton a également péri dans l'explosion et un passager du véhicule a été grièvement blessé. Ce mode opératoire, très efficace, porte la marque d'un grand service de renseignements, très probablement occidental.
Trois autres scientifiques iraniens ont été tués depuis janvier 2010, dont deux travaillaient pour le programme nucléaire du pays. Les trois ont été tués par l'explosion de bombes. L'actuel chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique, Fereydoun Abbasi, a également été visé par un attentat similaire en 2010 auquel il a échappé. Il avait eu le réflexe de quitter sa voiture après qu'un homme en moto a collé une bombe contre la portière de sa voiture.
Téhéran persiste et signe
Malgré ces attaques ciblées, les autorités iraniennes continuent d'afficher leur détermination à poursuivre leur programme nucléaire. "Aujourd'hui, ceux qui prétendent combattre le terrorisme visent nos scientifiques, mais ils doivent savoir que ceux-ci sont plus déterminés que jamais (...) à avancer sur le chemin du progrès scientifique", a affirmé mercredi le vice-président iranien Mohammad Reza Rahimi