En Irlande du Nord, Gerry Adams est pour certains l’homme de la paix. Mais voilà que ce leader catholique républicain pourrait bien être rattrapé par les fantômes du passé : depuis mercredi, il est en garde à vue pour être entendu sur un meurtre commis en 1972 par l’Armée républicaine irlandaise, l’IRA, dont il dirige la branche politique, le Sinn Fein. Vendredi, la police a annoncé la prolongation de sa garde à vue. A Belfast et ailleurs, l’arrestation de cette figure bien connue suscite la stupeur et fait replonger les Nord-Irlandais dans une époque sanglante.
Artisan de la paix. A leurs yeux, Gerry Adams, 65 ans, est l’un des artisans de l’accord de paix du Vendredi saint de 1998, qui a pratiquement mis fin à trente ans de violence dans la région. L’homme, à la tête du Sinn Fein, le parti des catholiques républicains, depuis plus de trente ans, jure n’avoir toujours été qu’un militant politique. D’après la BBC, il a toujours nié avoir fait partie de l’IRA. Sans renier non plus ce groupe paramilitaire en première ligne dans les affrontements appelés pudiquement les "troubles", et qui ont fait plus de 3.000 morts.
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Né en 1948 dans l’ouest de Belfast de deux parents actifs dans la lutte armée, le jeune Gerry Adams est devenu un militant actif du mouvement pour les droits civiques dès son adolescence. En 1972, les tensions entre républicains et loyalistes atteignent un pic et Gerry Adams se retrouve détenu sans procès par les Britanniques, raconte Le Monde. Le jeune homme n’a que 23 ans mais, détail troublant, l’IRA insiste lourdement pour qu’il soit libéré rapidement afin de participer à des négociations secrètes, qui échouent.
Paria à Londres. La même année, Jean McConville, veuve et mère de dix enfants, est assassinée d’une balle dans la nuque. Comme pour seize autre "disparus", l’IRA nie toute implication. Elle finira par reconnaître le meurtre, d’une balle dans la nuque, en 1999. Jean McConville aurait été accusé d'être une "informatrice" à la solde de Londres. Son seul tort : avoir porté secours à un soldat britannique blessé. Gerry Adams, lui, aurait carrément commandité le meurtre, ce qu’il a démenti avec force.
Car en apparence, sa trajectoire est purement politique. Elu député en 1983, Gerry Adams refuse de siéger à Londres. La même année, il prend la tête du Sinn Fein, alors considéré comme le bras politique de l’IRA. Sa stature lui vaut deux tentatives d’assassinat, dont une lors des funérailles de trois membres du groupe paramilitaire. A l’époque, il est considéré comme un paria à Londres, où il est interdit d’antenne.
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Invité aux funérailles de Mandela. Mais au fil des années, il commence à nouer des liens dans le plus grand secret avec le leader d’un parti nationaliste nord-irlandais plus modéré, le SDLP. Peu à peu, le Sinn Fein devient presque fréquentable. En 1998, l’accord du Vendredi saint, impensable vingt ans plus tôt, est signé.
La signature de l'accord du Vendredi saint, en 1998 :
Gerry Adams, qui a vu grandir sa stature de responsable politique, se rend régulièrement à la Maison-Blanche. Il devient aussi député de l’autre côté de la frontière, siégeant au Parlement à Dublin. Récemment, il a même fait partie des invités d’honneur aux funérailles de Nelson Mandela.
Depuis, il a vu grandir sa stature de responsable politique, se rendant régulièrement à la Maison-Blanche. Gerry Adams faisait même partie des invités d’honneur aux funérailles de Nelson Mandela. Si les soupçons à son encontre devaient se confirmer, le président du Sinn Fein pourrait cependant retrouver son statut de paria.
L'INFO - Le leader républicain Gerry Adams arrêté
SOMMET - Rencontre historique entre la Reine et le président irlandais
LITTÉRATURE - Mort du Prix Nobel de littérature Seamus Heaney