Il a fallu un drame pour que l’Irlande se penche à nouveau sur la question de l’avortement. Après la mort, en novembre dernier, d’une jeune femme à qui on avait refusé un avortement, l’Irlande devrait désormais autoriser les interruptions volontaires de grossesses mais à certaines conditions, quand la vie de la mère est en danger.
Savita Halappanavar, une ressortissante indienne, était morte le mois dernier d'une septicémie à l'âge de 31 ans, alors que le bébé qu'elle portait était en train de mourir. L'affaire a bouleversé le pays et suscité des manifestations appelant à une modification de la législation.
L'Irlande, une exception européenne
L'Irlande est le seul pays de l'Union européenne à interdire cet acte médical. L'avortement a été prohibé en toutes circonstances par un amendement constitutionnel en 1983, mais cette disposition a ensuite été contestée neuf ans plus tard par une jeune fille de 14 ans, victime d'un viol. La Cour suprême a alors décidé qu'une interruption de grossesse était possible quand la vie de la mère était en danger.
Mais les gouvernements qui se sont succédé depuis à la tête de ce pays très catholique ont soigneusement évité de clarifier les circonstances dans lesquelles la vie de la mère pouvait être considérée comme étant en péril. Empêchant l'application de la loi.
La nouvelle réforme "devra donner clarté et certitude dans le processus de décision visant à déterminer quand une interruption de grossesse sera autorisée, c'est-à-dire quand il y a un risque réel et substantiel pour la santé de la femme", déclare le gouvernement dans un communiqué.
L'attente d'un vote unanime
La Cour européenne des droits de l'homme avait, elle-même, demandé en 2010 à l'Irlande de clarifier sa législation en la matière. Le Premier ministre Enda Kenny a dit s'attendre à ce que le gouvernement se montre uni dans le vote de la nouvelle loi, ce qui signifie que tout ministre qui votera contre sera exclu du parti conservateur au pouvoir, le Fine Gael.