Les suites de l’annonce de l’appel à l'aide sont dévastatrices pour le pouvoir en place à Dublin.
Après la crise financière, la crise politique. Dimanche soir, le Premier ministre Brian Cowen confirmait que l’Irlande sollicitait l’aide de l’Union européenne et du FMI pour sortir d’une situation économique catastrophique. 24 heures plus tard, le même Brian Cowen, sous la pression de l’opinion et de l’opposition, annonçait cette fois la tenue d’élections législatives anticipées dès le début de l’année 2011.
Les Verts lâchent
"Mon intention est de conclure la procédure budgétaire avec l'entrée en application de la législation nécessaire l'année prochaine, et de procéder ensuite à une dissolution du Parlement pour permettre aux gens de déterminer à qui ils veulent confier la responsabilité du gouvernement pour la difficile période à venir", a déclaré Brian Cowen, qui espère ainsi obtenir un sursis politique de quelques semaines.
Le chef des écologistes, John Gormley, avait créé la surprise dans la matinée en estimant que "le temps était venu de convoquer des élections législatives dans la deuxième quinzaine de janvier 2011". Jusqu'à présent, son parti maintenait un soutien indéfectible à la coalition en dépit de son impopularité grandissante. Le dirigeant du mouvement écologiste a cependant voulu laisser un sursis. "Laisser le pays sans gouvernement au moment où ces questions sont en suspens irait à l'encontre de notre devoir". Les six députés écologistes sont indispensables à la survie politique du parti du Premier ministre Brian Cowen, le Fianna Fail.
Troisième plan de rigueur
Lors de sa brève intervention lundi soir, le Premier ministre irlandais a confirmé que son gouvernement présenterait ce mercredi son plan d'austérité sur quatre ans, qui est très contesté par une population irlandaise ayant déjà consenti à des sacrifices importants. Il a aussi confirmé que le budget 2011 serait présenté le 7 décembre, avec un vote des députés devant intervenir au plus tôt courant janvier. En cas d'enlisement des débats, les législatives pourraient intervenir en février voire mars, a aussitôt indiqué le quotidien Irish Times.
Le mécontentement porte sur le plan de rigueur très contesté qui sera annoncé mercredi, et qui vise à économiser sur quatre ans 15 milliards d'euros, afin de ramener à 3%, comme le veut l'UE, un déficit public qui est aujourd'hui de 32%. Les Irlandais en sont déjà à leur troisième budget d'austérité : plus de 100.000 suppressions d'emplois publics sont prévus, ainsi que des coupes dans les allocations chômage et familiales. Le nouveau plan de rigueur devrait aller encore plus loin en touchant au salaire minimum, jusqu'alors tabou.