Irritée, la Chine décerne son "Nobel"

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avec agences , modifié à
La remise du Nobel de la paix, vendredi à Oslo, embarrasse Pékin, qui a lancé son propre prix.

Comme chaque année, le comité d’organisation du prix Nobel de la Paix remet vendredi sa distinction à Oslo, en Norvège. Mais cette fois-ci le lauréat, le chinois Liu Xiaobo, ne sera pas présent, puisqu’il est emprisonné en Chine.

Irritée qu’un dissident soit nobélisé, la Chine a multiplié les contacts diplomatiques pour dissuader plusieurs pays de se rendre à la cérémonie. L'Algérie, l'Arabie Saoudite, l'Argentine, l’Egypte, l'Iran, le Maroc, le Pakistan, la Russie, la Serbie, le Sri Lanka, le Soudan, la Tunisie ou encore le Venezuela ne seront pas présents.

Après avoir censuré en octobre l’annonce du lauréat, les autorités ont coupé jeudi les accès internet aux sites de médias occidentaux, dont ceux de la BBC ou de CNN. Elles ont par ailleurs durci leur attitude vis-à-vis des dissidents et tout fait pour les empêcher de se rendre à Oslo.

Un “prix de la paix“ made in China

Afin de brouiller encore un peu plus les cartes, un nouveau “prix de la paix“ a été créé en Chine et a été décerné jeudi, à la veille de la remise du Nobel. Ce premier "prix de la paix Confucius" a été attribué à l'ancien vice-président taïwanais Lien Chan, lors d'une conférence de presse chaotique, en présence de quelques professeurs d'université chinois présentés comme le "jury".

Les autorités chinoises nient être impliquées dans ce nouveau prix, mais certains détails intriguent : le lauréat Lien Chan était absent de la cérémonie et son propre bureau a indiqué ne pas être courant de cette récompense. C’est donc pour occuper l’espace médiatique chinois que ce prix semble avoir été inventé, une initiative qualifiée de "pathétique" par le comité Nobel norvégien.

"Ce n'est pas un prix contre la Chine“

Le comité Nobel a pourtant bien tenté d'apaiser le courroux de Pékin jeudi. "Ce n'est pas un prix contre la Chine. C'est un prix qui honore la population chinoise", a déclaré le président du comité, Thorbjoern Jagland.

Une manière d’éviter un choc frontal avec le régime chinois, qui a traité les membres du comité de "clowns", avant de revendiquer jeudi le soutien de "l'écrasante majorité des gens dans le monde".

Liu Xiaobo, partisan de la démocratisation

Le lauréat 2010 du prix Nobel, Liu Xiaobo, a été condamné fin décembre 2009 à 11 ans de prison pour "subversion du pouvoir de l'Etat" après avoir corédigé la "Charte 08", un texte qui réclame une démocratisation de la Chine.

En 109 ans d'histoire du Nobel de la paix, c'est la deuxième fois que le prix ne peut être remis au lauréat ou à un représentant. Sous l'Allemagne nazie, le pacifiste Carl von Ossietzky, récompensé en 1936 pour l'année 1935, n'avait pu recueillir son Nobel en 1936 car il était détenu dans un camp de concentration.