Israël-Hamas : les raisons de la colère

Des roquettes tirées de la bande de Gaza.
Des roquettes tirées de la bande de Gaza. © Reuters
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Charles Carrasco , modifié à
3'CHRONO - Sept Palestiniens et trois Israéliens ont été tués jeudi. Pourquoi un tel regain de violences ?

>>> Le point sur la situation, au deuxième jour du lancement de l'opération israélienne "Pilier de Défense" 

Sept Palestiniens ont été tués jeudi lors de raids aériens sur Gaza, portant à 15 le nombre de Palestiniens morts depuis le début de l'opération. Trois Israéliens ont été tués par une roquette qui a touché un immeuble en début de matinée.

• Le Hamas a rejeté toute "discussion sur une trêve avec Israël en ce moment".

• Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a prévenu que l’État hébreu allait "continuer à prendre toute action nécessaire pour défendre sa population".

• La Grande-Bretagne et les États-Unis soutiennent Israël, tandis que la Russie juge sa réaction "disproportionnée". L’Égypte a jugé inacceptable cette "agression" israélienne. La France, elle, n'a pas désigné de responsable, se disant "extrêmement préoccupée" par la situation.

>>> Pourquoi un tel regain de violences ? Explications.

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• Un pouvoir de dissuasion de l'Etat hébreu. L'élimination du chef militaire du Hamas est un moyen de dissuader le Hamas, émanation des Frères musulmans égyptien, de tirer de nouvelles roquettes sur le sud d'Israël. Depuis plusieurs jours, les affrontements se sont en effet multipliés à la frontière avec la bande de Gaza et ils avaient déjà fait plusieurs morts. Cette stratégie de défense et d'attaque est "la pierre philosophale de la stratégie de l'Etat hébreu depuis 1948. Ce n'est pas nouveau", analyse Frédéric Encel*, géopolitologue, interrogé par Europe1.fr. "En revanche, le choix d'une cible de très grande valeur (Jaabari) montre davantage que c'est lié à un agenda interne israélien", décrypte-t-il.

• Des élections qui approchent en Israël. A deux mois des élections législatives, Benjamin Netanyahou veut montrer qu'il est le meilleur garant de la sécurité pour son pays. "Depuis les années 90, à chaque fois qu'une élection arrive, les tirs reprennent. Le Premier ministre veut montrer qu'il ne se laisse pas faire et ne veut pas laisser croire qu'il est faible", analyse Frédéric Encel. Comme l'affirme le quotidien d'opposition, Haaretz, en tuant le chef d'Etat major du Hamas, Benjamin Netanyahou, le très nationaliste Premier ministre, a eu "son Ben Laden".

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• Un statut à l'ONU qui divise. Depuis plusieurs semaines, le torchon brûle entre Israël et la Palestine. Le 29 novembre prochain, le président de l'Autorité palestinienne va demander l'élévation de la Palestine au statut d'Etat non-membre aux Nations Unies. La représentation palestinienne à l'ONU a dévoilé un projet de résolution qui "réaffirme le droit du peuple palestinien à l'autodétermination" sur les bases des lignes d'avant la guerre de 1967 et demande à l'Assemblée générale, où la majorité simple requise lui semble acquise, d'accorder à la Palestine ce statut. De son côté, Israël a annoncé son intention de contrer le projet palestinien, affirmant qu'il éloignait les perspectives de paix.

Le président, François Hollande a lui aussi mis en garde les Palestiniens, contre les "risques" de leur démarche pour demander ce statut, évoquant les mesures de rétorsion que pourraient prendre les Etats-Unis, alliés indéfectibles d'Israël.

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• Affaiblir l'Autorité palestinienne. Mahmoud Abbas, le dirigeant de l'Autorité palestinienne, gouverne la Cisjordanie mais pas la bande de Gaza, contrôlée depuis 2007 par le mouvement islamiste du Hamas. "Il y a une rivalité mortelle entre les deux", précise Frédéric Encel. "Les roquettes envoyées par le Hamas sur Israël sont aussi un moyen d'affaiblir l'Autorité palestinienne. Lorsque le Hamas frappe Israël, il a conscience qu'il ne va pas détruire l'Etat hébreu mais en revanche, il sait que Netanyahou va se retourner contre Abbas et mettre en cause son pouvoir", affirme le chercheur. Car le Hamas aimerait être le seul représentant de la Palestine, alors que pour l'instant, il n'a jamais été reconnu par la communauté internationale.

 *Professeur à l'ESG Management et maître de conférences à Sciences-Po Paris, auteur de L'Atlas géopolitique d'Israël, éditions Autrement.