Une vidéo de bienvenue. C'est un clin d'œil mais il illustre bien le malaise entre Barack Obama et Benjamin Netanyahou. Car c'est peu dire que les relations entre le président américain, qui est arrivé mercredi en Israël, et son homologue de l'Etat hébreu sont fraîches. Pour déminer cette mésentente, l'ambassade d'Israël aux Etats-Unis a concocté une courte vidéo, sur le thème de la série Golden Girls, dans laquelle est vantée l'amitié américano-israélienne, rapporte The Jewish Daily Forward. Un exercice de méthode Coué kitsch à souhait...
Que voit-on dans cette vidéo ? Les deux dirigeants, représentés par des marionnettes, participent à une conférence de presse dans la résidence du Premier ministre israélien. "Bienvenue au président Obama ! Nous sommes reconnaissants pour ce qu'il fait pour Israël", insiste Benjamin Netanyahou. "Les liens entre les Etats-Unis et Israël sont indéfectibles. Et notre engagement pour la sécurité d'Israël est total", martèle de son côté Barack Obama. Puis, après une poignée de mains, apparaît la manchette d'un journal qui titre : "les relations entre les Etats-Unis et Israël n'ont jamais été aussi fortes. Mais qu'y a-t-il derrière ?". Le jingle de Golden Girls démarre sur les paroles "merci d'être mon ami". Enfin, les deux hommes se retrouvent en tête à tête dans une bibliothèque. Ils finissent par lâcher les deux exemplaires de journaux et se serrent la main avec un large sourire. Un bandeau conclut : "les Etats-Unis et Israël, les alliés ultimes".
Les couacs entre Obama et Netanyahou
Des désaccords sur la colonisation. Les deux dirigeants ne s'apprécient pourtant guère. Ce "couple" marié de force a connu de nombreux couacs. En mars 2010, le président Obama avait préféré dîner en famille plutôt qu'avec Benjamin Netanyahou après des entretiens tendus à la Maison-Blanche sur la colonisation. Et les deux ne s'en cachent pas. En mai 2011, le Premier ministre israélien infligeait un camouflet à son hôte dans le Bureau ovale, rejetant sur un ton doctoral, devant les caméras et face à un Barack Obama impassible, sa proposition d'un Etat palestinien sur la base des lignes d'armistice de 1967.
Les ambitions de règlement du conflit israélo-palestinien lors de ce voyage sont donc très limitées. Barack Obama vient pour "écouter et consulter". Car le président américain le sait : tant qu'il n'a pas la certitude que les deux parties n'ont pas le souhait de faire la paix, il ne peut se permettre de relancer un processus qui risquerait d'être un nouvel échec.
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Un soutien à Romney. Le soutien peu discret de "Bibi l'Américain" -qui a passé sa jeunesse aux Etats-Unis, proche des "néo-conservateurs" de Washington- au candidat républicain Mitt Romney, n'a par ailleurs échappé à personne lors de la campagne présidentielle de l'automne dernier.
Au point que certains en Israël craignent que Barack Obama ne cherche à "se venger".
Un tacle d'Obama. Plus récemment, selon des propos rapportés par un éditorialiste américain, le locataire de la Maison-Blanche aurait fustigé la "lâcheté" de Benjamin Netanyahou face au groupe de pression des colons, qui a gagné du poids dans son nouveau gouvernement.
Une relation pragmatique
Depuis, chacun jure que les liens entre les deux hommes n'entravent pas un partenariat historique qui n'a jamais été aussi solide. Barack Obama le dit et le répète. "J'ai rencontré 'Bibi' plus que n'importe quel autre dirigeant. Nous avons une formidable relation professionnelle : il est très direct avec moi quant à ses opinions sur plusieurs sujets et je suis très direct avec lui quant à mes opinions sur certaines questions. Mais on arrive à faire des choses", a confié récemment le président américain à la télévision israélienne, tout en reconnaissant des divergences".
Même son de cloche de façade côté israélien. "Les chefs d'Etat sont des gens pragmatiques", argumente Danny Ayalon, ex-ambassadeur aux Etats-Unis et numéro deux des Affaires étrangères jusqu'à peu. "Les différends du passé ne comptent pas", a-t-il affirmé, en assurant que le financement américain du système antimissile israélien Iron Dome n'était que "la partie visible de l'iceberg".