L'INFO. Après la victoire étriquée de Benjamin Netanyahou lors des élections législatives, c'est une alliance gouvernementale extrêmement composite qui est sortie des négociations. Après six semaines d'intenses tractations, le Premier ministre a signé vendredi des accords pour la constitution d'un nouvel exécutif. A y regarder de plus près, le puissant lobby des colons voit son poids renforcé avec nombre de portefeuilles-clé attribués à d'ardents promoteurs de la colonisation. En revanche, Benjamin Netanyahou s'est résigné à écarter les religieux orthodoxes. Les membres de son nouveau gouvernement doivent prêter serment lundi.
Quel gouvernement ? C'est un exécutif très ancré à droite. Bien que la nouvelle coalition comprenne les mouvements centristes Yesh Atid (19 sièges) et HaTnuah (6), ouverts à un règlement de la paix avec les Palestiniens, elle est largement dominée par des tenants de la droite nationaliste et/ou religieuse : l'alliance Likoud-Israël Beiteinou (31) et le Foyer Juif (12) très proche des colons. "La plupart des positions-clé vont être attribuées à des colons et à ceux qui les soutiennent", relève Barak Ravid dans le quotidien de gauche Haaretz, expliquant que cela revenait à "faire entrer le renard dans le poulailler".
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Les figures de cette coalition :
Moshé Yaalon : Membre du Likoud (droite) et ex-général, le nouveau patron de la Défense est considéré comme un partisan d'une ligne dure sur la colonisation. Celui qui avait en 2002, traité les Palestiniens de "cancer" s'est opposé au retrait israélien de Gaza en 2005. "Je suis déterminé à mener avec responsabilité et conscience Tsahal (l'armée israélienne) et les forces de sécurité vers de nouveaux sommets afin de répondre aux défis de l'avenir", a-t-il écrit sur sa page Facebook peu après l'annonce de sa nomination.
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Avidgor Lieberman : Le Premier ministre, Benjamin Netanyahou gardera dans les faits la main sur la diplomatie. Néanmoins, ce ministère sera dirigé par Avigdor Lieberman, le chef d'"Israël Beiteinou", le parti de la droite nationaliste. Avant de reprendre l'initiative en politique étrangère, ce ministre devra d'abord régler ses problèmes avec la justice. Il est accusé de fraude et abus de confiance. Avidgor Lieberman aurait obtenu une promotion en décembre 2009 pour l'ex-ambassadeur d'Israël au Belarus, Zeev Ben Arieh, qui lui aurait fourni des renseignements confidentiels sur une enquête de police menée contre lui au Belarus à la demande de la justice israélienne.
Uri Ariel : Son collègue du Logement, n°2 du Foyer juif, qui habite une colonie de Cisjordanie, est quant à lui totalement opposé à la création d'un Etat palestinien.
Naftali Bennett : Le Foyer juif, mené par ce jeune entrepreneur, qui a modernisé l'image de la droite nationale-religieuse, va également contrôler la puissante commission parlementaire des Finances, qui joue un rôle capital dans la distribution des budgets.
Yaïr Lapid : Ce centriste laïc et ex-journaliste a récupéré les suffrages des classes moyennes et va diriger le ministère des Finances.
Son parti a également récupéré le portefeuille de l'Education.
Tzipi Livni : La chef d'un parti centriste (HaTnuah) et ex-ministre des Affaires étrangères a reçu le portefeuille de la Justice ainsi que le précieux dossier de la conduite du dialogue avec les Palestiniens.
Quelle feuille de route ? Sur le plan sécuritaire, la ligne est claire. Le nouveau gouvernement va "renforcer la colonisation" en Cisjordanie a affirmé le vice-ministre de la Défense Danny Danon, à deux jours de la visite du très attendue du président américain, Barack Obama."L'ère Ehud Barak (l'ancien ministre de la Défense) est finie. Le nouveau gouvernement va renforcer la colonisation en Judée-Samarie, en Galilée et dans le Néguev", a affirmé ce député du Likoud, le parti de Benjamin Netanyahou.
Sur le plan intérieur, le gouvernement va aussi devoir répondre à une demande croissante de la population de mesures contre la vie chère et l'injustice sociale. Car l'exécutif a encore en tête la "révoltes des tentes", la forte contestation sociale de l'été 2011, soutenue par une grande partie de la population. Pour la première fois, les problèmes sociaux-économiques ont d'ailleurs monopolisé les débats de ces élections législatives alors qu'en règle générale, la sécurité reste le sujet de prédilection. Mais cette fois les indicateurs économiques ne sont pas au beau fixe : la croissance a baissé en 2012 -à 2,9% selon le FMI- et un budget d'austérité doit être voté cette année.