Israël : pourquoi les migrants africains sont en colère

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avec AFP , modifié à
LA GRONDE - Depuis l’adoption d’une loi contre l’immigration clandestine, la mobilisation ne cesse de monter en Israël.

L’INFO. Benjamin Netanyahou a prévenu que les manifestations ne "serviraient à rien". Malgré l’avertissement du Premier ministre israélien, plus de 10.000 demandeurs d’asile africains entrés illégalement en Israël ont protesté mercredi devant la Knesset, le Parlement à Jérusalem. Dimanche, ils étaient plus de 30.000 dans les rues de Tel-Aviv. Leur grief ? La politique d’immigration du gouvernement israélien.

Une loi controversée. Au cœur des protestations, une loi adoptée le 10 décembre dernier, selon laquelle les immigrés clandestins peuvent être placés jusqu’à un an en centre de rétention, sans procès. Le gouvernement cherche ainsi à endiguer la vague d’immigration clandestine qui représente une menace pour le caractère juif de l’État d’Israël, selon les autorités. Même si depuis l’installation en 2012 d’une clôture électronique le long de la frontière avec l’Égypte, le nombre d’entrées illégales depuis la péninsules du Sinaï a été pratiquement réduit à néant.

migrants en Israël, 460, REUTERS

Un centre symbolique. Après l’adoption du texte, un centre de détention a été ouvert à Holot, dans le désert du Néguev, au sud du pays. Conçu pour accueillir 3.000 personnes, il peut être agrandi pour en recevoir près de 11.000. Le principe : le centre est ouvert pendant la journée, mais ses occupants doivent y pointer trois fois par jour et rentrer le soir, avant la fermeture des portes. C’est de ce centre qu’est parti le mouvement de protestation, quand environ 200 demandeurs d’asile ont décidé de s’en échapper pour aller manifester à Jérusalem, le 17 décembre dernier.

Des manifestations monstres. Le mouvement n’a cessé de prendre de l’ampleur, rassemblant plus de 30.000 personnes dimanche à Tel-Aviv. Lundi, les manifestants ont fait le tour des ambassades occidentales dans la même ville. Sur leurs pancartes, des messages simples : "Nous sommes des réfugiés", ou encore : "Assez de prison".

Les migrants africains manifestent :

Afin de montrer à quel point ils sont essentiels à l’économie israélienne, des dizaines de milliers de migrants ont aussi refusé d’aller travailler, empêchant de nombreux cafés, restaurants et hôtels, où ils occupent des postes peu qualifiés, de fonctionner correctement. Ces demandeurs d’asile demandent un "dialogue direct et ouvert" avec le gouvernement de Benjamin Netanyahou.

Un débat national. Mais celui-ci ne semble pas décidé à céder d’un pouce sur la question de ceux qu’il qualifie d’"infiltrés". Quant au président du Parlement, Yuli Edelstein, il a interdit lundi l’entrée de la Knesset aux représentants des manifestants. Dans la société civile israélienne, quelques voix s’élèvent pour dénoncer la politique du gouvernement, à commencer à celle de l’écrivain David Grossman, qui se dit "honteux et déconcerté" face au traitement réservé aux migrants dans son pays. Et dimanche, d’après Haaretz, le représentant du Haut-commissariat aux réfugiés en Israël s’est fendu d’un rare communiqué. Walpurga Englbrecht s’y dit "particulièrement inquiet" au sujet du centre de Holot et souligne que "les politiques et les pratiques actuelles créent la peur et le chaos chez les demandeurs d’asile, sans prendre en compte leurs situations spécifiques".