Un épais mystère entoure ce dossier. Un Australien détenu en Israël dans le plus grand secret se serait suicidé fin 2010 dans une prison de haute sécurité, selon la chaîne australienne ABC qui a ressorti l’affaire cette semaine. Signe de l’émoi suscité par ces nouvelles révélations, les services du Premier ministre israélien ont convoqué des responsables de presse du pays pour leur demander de ne pas évoquer cette affaire "très embarrassante pour l’une des agences gouvernementales", selon le quotidien Haaretz.
Des "raisons sécuritaires". Israël a confirmé mercredi soir avoir emprisonné, pour des raisons sécuritaires ce mystérieux étranger. "Le service pénitentiaire d'Israël (IPS) a détenu un prisonnier qui était un ressortissant israélien mais qui possédait aussi la nationalité étrangère", a indiqué le ministère de la Justice dans un communiqué, sans révéler ni son identité ni les charges pesant contre le détenu. "Pour des raisons de sécurité, l'homme a été incarcéré sous une fausse identité même si sa famille a été immédiatement informée de son arrestation", a ajouté le ministère de la Justice.
Le communiqué a précisé que le mystérieux prisonnier avait été retrouvé mort dans sa cellule il y a deux ans et qu'une enquête judiciaire avait conclu qu'il s'était suicidé. "Après une longue enquête, il est apparu il y a six semaines qu'il s'agissait d'un suicide", selon le texte, soulignant que l'homme avait été emprisonné en vertu d'un mandat délivré par un tribunal.
Il s'appelait "Ben Alon". D’après ABC, l’homme, originaire de Melbourne et âgé de 34 ans, s’appelait Ben Zygier. Il se serait installé en Israël dix ans avant sa mort, aurait changé son nom en Ben Alon et aurait été recruté par le Mossad, les services secrets israéliens. Les raisons de son arrestation ne sont pas connues et même les gardiens de la prison ne connaissaient pas son nom.
Un extrait de l'émission (en anglais) :
Ce "prisonnier X" aurait été détenu à partir de début 2010 dans une cellule spécialement construire pour l’assassin du Premier ministre Yitzhak Rabin, lui-même transféré dans une autre prison en 2006. Après sa mort, à une date qui n'est pas précisément connue, la dépouille de l’Australien aurait été rapatriée à Melbourne pour y être enterrée le 22 décembre 2010.
Une affaire censurée. Cette affaire avait déjà été évoquée dans les médias en 2010, notamment par le site israélien Ynet. Mais l’article avait alors été rapidement retiré du web, sur injonction des autorités. Après la réunion des services du Premier ministre, toute référence à l’enquête d’ABC a d’ailleurs tout simplement disparu des sites d’information israéliens, une censure plutôt inhabituelle dans le pays.
A l’époque, l’affaire avait aussi ému les associations de défense des droits de l’Homme. "Il est insupportable de voir que dans un pays démocratique, les autorités peuvent arrêter des gens dans le secret le plus total pour les faire disparaître de la scène publique, sans que personne ne soit tenu au courant de rien", protestait ainsi l’Association israélienne des droits de l’Homme en 2010.