Un attentat-suicide sur la place de Taksim, une des esplanades les plus fréquentées d'Istanbul, a semé la panique dimanche parmi les habitants de la métropole turque. L'engin explosif, transporté par un kamikaze, a explosé vers 10 h 30 locales à proximité d'unités de police anti-émeute stationnées en permanence sur la place, sur la rive européenne d'Istanbul, faisant 32 blessés dont 15 policiers, selon les autorités.
Interrogé sur la chaîne turque de CNN, un chauffeur de taxi a dit avoir vu un homme d'une trentaine d'années s'approcher de la police pour demander son chemin. C'est à ce moment-là que l'explosion a eu lieu, a-t-il raconté. Le gouverneur d'Istanbul a précisé que les jours des blessés n'étaient pas en danger.
"J'ai senti le sol trembler"
"J'étais en train de ranger mon magasin quand il y a eu un grand bruit. J'ai senti le sol trembler et mon coeur s'est mis à battre à tout rompre, j'étais mort de peur", relate Ümit, dont l'épicerie est située à une centaine de mètres du lieu de la déflagration.
"Quand je suis sorti, j'ai entendu le +tactactac+ de coups de feu. Il y en a eu quatre", poursuit-il. Meryem Düzgün, employée dans un restaurant de döner kebab, a elle aussi entendu des coups de feu après la déflagration. "Il y avait de la fumée partout et des policiers qui couraient pour se mettre à l'abri", ajoute-t-elle.
La place Taksim, carrefour de la vie stambouliote
Vaste esplanade surplombant le bouillonnant quartier de Beyoglu, aux centaines de restaurants et de bars, la place de Taksim est un important carrefour routier et point de passage obligé pour les innombrables touristes et passants turcs fréquentant Beyoglu. Par chance, la place était peu animée en ce dimanche de passage à l'heure d'hiver.
Peu après l'explosion, la police a dressé un vaste périmètre de sécurité englobant l'ensemble de l'esplanade, dans la crainte d'une deuxième bombe, tandis que de nombreuses ambulances, un véhicule de pompier et un bulldozer étaient acheminés sur la place.
L'ombre du PKK plane
Les chaînes de télévision ont montré des images de policiers recouvrant une personne inanimée en sang gisant au sol, suggérant qu'il pourrait s'agir du kamikaze. Le chef de la police d'Istanbul, Hüseyin Capkin, a affirmé que l'individu avait tenté de pénétrer dans un car de police, sans y parvenir.
Le ministre de l'Intérieur Besir Atalay a déclaré qu'il était trop tôt pour dire qui est derrière cet attentat. Mais c'est ce dimanche que doit en principe prendre fin le cessez-le-feu unilatéral décrété par la rébellion kurde. Et cet attentat coïncide aussi avec les célébrations marquant l'anniversaire de la république en Turquie, le 29 octobre. D'où les soupçons qui se tournent vers le PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan.