Italie : Berlusconi éclipsé par Benoît XVI ?

Benoît XVI et Silvio Berlusconi en 2008. © Reuters
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Charles Carrasco avec Emmanuel Renard, envoyé spécial en Italie , modifié à

La campagne est figée depuis l'annonce de la démission du pape. Dommage pour le "Cavaliere".

L'INFO. La renonciation du souverain pontife sera effective à la fin du mois. Elle tombe dans une période politique très importante pour l'Italie : les élections législatives qui sont prévues dans dix jours. L'ex-président du Conseil, Silvio Berlusconi (le Peuple de la liberté, PdL), engagé dans sa sixième campagne électorale en 18 ans, a effectué une belle remontée dans les sondages, à seulement cinq points de la coalition de centre gauche menée par Pierluigi Bersani, grâce notamment à sa maîtrise des médias audiovisuels. Mais l'image d'un homme âgé qui renonce au pouvoir rejailli donc sur la campagne du "Cavaliere".

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La stratégie médiatique contrecarrée. L'annonce de la démission de Benoît XVI n'a pas douze heures qu'une humoriste italienne propose en direct à la télévision le poste à Silvio Berlusconi. La comparaison avec un pape fatigué et usé est dévastatrice. Cette démission de Benoît XVI "c'est le pire timing pour nous", admet la députée du PdL, Deborah Bergamini. "Nous devions peser médiatiquement ces dix derniers jours de campagne pour virer en tête", assure-t-elle au micro d'Europe 1.

Mais depuis cette annonce, "tout le monde est concentré sur la décision du pape. Donc c'est vrai, il y aura une forme de suspension de la communication politique qui normalement garde toute l'attention une dizaine de journée avant les élections", déplore Deborah Bergamini.

"Parler des questions plus hautes". Et dans le camp d'en face, on ne boude pas son plaisir. Au siège du centre gauche, on a fait de la démission du pape, une arme politique. Enrico Letta joue le poste de ministre de l'Economie dans cette campagne. "La démission du pape ça va sûrement défier la campagne électorale à parler de questions plus 'hautes'", prédit-il. Une mission hautement difficile, selon lui, pour son adversaire. "C'est pour cela que Berlusconi va avoir des problèmes parce qu'il a fait toute la campagne électorale avec un tas de bêtises", déplore Enrico Letta qui ajoute : "je dis ça en tant que chrétien catholique".

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Le 23 et le 24 février, les Italiens iront voter. Les cardinaux, eux, seront sur le point d'arriver du monde entier et donc même en cas de victoire, Silvio Berlusconi sera de nouveau éclipsé par le Vatican sur le point d'élire son nouveau pape.