L'ANNONCE. A l'automne, Enrico Letta avait survécu à l'attaque en règle de Silvio Berlusconi. C'est finalement son propre camp qui aura eu raison de lui. Le Premier ministre italien a annoncé jeudi qu'il allait remettre sa démission, juste après avoir été désavoué par un vote de son parti, le Parti démocrate (PD). Enrico Letta, qui avait prêté serment le 28 avril dernier comme président du Conseil, doit sa chute à l'ambitieux Matteo Renzi, élu en décembre à la tête du PD et qui devrait prendre sa place.
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L'attaque de Berlusconi... Depuis quelques mois, la vie politique italienne aura été, encore plus que d'habitude, un feuilleton à rebondissements. Enrico Letta, nommé président du Conseil après deux mois d'âpres tractations, avait réussi à se maintenir entre temps à flots fin septembre malgré la tentative de Silvio Berlusconi de faire chuter son gouvernement. Mais le Cavaliere a été déchu de son mandat de sénateur.
… Et celle de Renzi. Mais une nouvelle crise politique s'est vite déclarée. En décembre dernier, le jeune Matteo Renzi, 39 ans, maire de Florence, a été propulsé à la tête du PD. Depuis, il n'a cessé de multiplier les attaques contre Enrico Letta et son gouvernement, lui reprochant sa lenteur et son manque de détermination. Matteo Renzi va jusqu'à négocier fin janvier un accord avec Silvio Berlusconi sur un projet de réforme de la loi électorale. Son but ? Garantir des majorités plus stables à l'avenir.
Désavoué par sa propre direction. Tout s'est ensuite accéléré quand Matteo Renzi a réclamé jeudi la formation urgente d'un "nouveau gouvernement", lors d'une réunion du PD portant sur le sort de l'exécutif. La veille, Enrico Letta avait pourtant réaffirmé son intention de poursuivre son "engagement pour l'Italie" à la tête du gouvernement. Mais la direction du parti a approuvé la proposition de Matteo Renzi, à une large majorité de 136 voix contre 16. Résultat : quelques minutes plus tard, Enrico Letta annonçait sa démission.
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"Maintenant, tu dégages". Désormais, il semble clair que Matteo Renzi devrait lui succéder à la tête du gouvernement. Poli, le chef du PD a rendu hommage au "travail délicat" d'Enrico Letta, "une façon polie de lui dire 'maintenant, tu dégages et tu laisses la place à Matteo'", souligne Le Monde. "Se placer en première ligne comporte un élément de risque mais un homme politique a le devoir de prendre des risques à certains moments", a souligné le maire de Florence qui assume sa soif de pouvoir : "nous devons tous avoir cette ambition".
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