Un jeune loup au sommet. "C'est le seul homme que je craigne". Cette confidence est signée Silvio Berlusconi, l'ex-président du Conseil, l'homme qui a dominé la politique italienne pendant plus de deux décennies. C'est dire que Matteo Renzi, le chef du Parti démocrate (centre gauche) qui a obtenu jeudi la démission du Premier ministre et camarade de parti Enrico Letta, impressionne. Qui est ce jeune loup pressé de la politique italienne ?
Un jeunot de la politique. "Il Sindaco" (le maire), le "rotamatore", celui qui met à la casse les caciques de son parti, ou encore le "Berlusconi de gauche", sont autant de sobriquets qu'il traîne aujourd'hui en raison de sa popularité et de son bagout médiatique. Pratiquement inconnu il y a un an et demi, Matteo Renzi est, à 39 ans, un "jeunot" déjà bien rôdé aux joutes politiciennes capables d'éliminer un à un tous ses adversaires. Exit l'apparatchik Massimo D'Alema, ex-Premier ministre, que Walter Veltroni, ex-maire de Rome, qui ont renoncé à participer aux législatives de février 2013. Personne ne lui a résisté. Pas plus lorsqu'il a pris la tête du PD, la première force de gauche du pays et premier parti de la majorité gouvernementale, le 8 décembre dernier.
L'inspiration Tony Blair. L'inspiration politique de cet ex-boy scout est claire. Matteo Renzi dit refonder son parti, à la manière du "New Labor" promu en 1994 par le futur Premier ministre britannique Tony Blair, pour en faire "un parti plus agile et innovateur". Un coup de balai que semble acquiescer le peuple de gauche en Italie après la piètre performance de Pierluigi Bersani, un homme d'appareil dont la victoire exiguë aux législatives de février 2013 a contraint la gauche à s'allier à la droite.
Des talents de tribun. Dynamique, ambitieux, "assoiffé de pouvoir", selon un universitaire… Matteo Renzi a le physique du gendre idéal, avec un visage poupin et un accent toscan -il est né à Florence- teinté d'un léger zozotement. Ce diplômé de droit est considéré comme un personnage "transversal" au point qu'il a récemment discuté avec Silvio Berlusconi. Un catholicisme social capable de séduire à droite. Mais attention, il ne faut pas croire que tout le monde est béat d'admiration. Critiqué pour un programme politique aux contours flous (moins de dépenses publiques, moins de bureaucratie), plutôt distant du monde syndical, Matteo Renzi se distingue surtout par ses talents de tribun. Ses petites phrases à l'humour florentin font mouche : "on m'accuse de voler des voix à droite mais je vous donne un scoop : on a perdu les dernières élections".
L'allure d'Obama. Peu marqué idéologiquement, il s'inspire volontiers dans l'allure du président américain Barack Obama, aimant se présenter manches de chemise retroussées. Souvent vu en train de participer à des marathons ou circulant à bicyclette dans sa ville, il aime arborer une veste de cuir qui lui a valu des satires le montrant comme Fonzie, héros de la série américaine Happy Days (Les Jours Heureux). Il aime montrer qu'il renonce aux symboles du pouvoir, comme les limousines avec chauffeur et préfère le taxi.
Une "patte" Renzi ? Et pour l'instant, ça marche. Les journaux relaient de plus en plus ses faits et gestes, jusqu'à supplanter le "Cavaliere", note le correspondant du Figaro.En 2006, il publie un livre sur son expérience à la tête de la province de Florence, intitulé "Entre De Gasperi (dirigeant historique de la Démocratie chrétienne, ndlr) et (le groupe de rock) U2". Pendant son mandat de cinq ans, il se rend populaire en abaissant les impôts locaux.
Reste à savoir s'il va réussir à imprimer sa marque une fois au pouvoir. Lors d'un sondage effectué il y a trois semaines à peine, 54% des Italiens disaient avoir un avis favorable sur le jeune leader politique. Mais dans le même temps, 68% des Italiens étaient opposés au remplacement d'Enrico Letta.
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