Elle est « l’ange de la mort », comme la surnomme la presse italienne. Une infirmière de Lugo, près de Ravenne sur le côte adriatique, a été mise en examen et écrouée dans le cadre d’une enquête sur la mort d’une patiente cette semaine. Mais ce décès suspect aux urgences de la petite ville italienne pourrait bien n’être que le dernier d’une longue liste. Le doute plane sur la mort de 38 autres malades dans le service où travaillait Daniela Poggiali, 41 ans.
La main lourde sur les sédatifs. Aux urgences de l’hôpital de Lugo, 83 patients sont morts en trois mois, au début de l’année. Près de la moitié du temps, Daniela Poggiali était de garde. Les autres infirmières du service n’ont en moyenne assisté qu’à dix décès pendant la même période.
Daniela Poggiali, blonde aux traits fins, était une infirmière souriante et infatigable. Un portrait qui entre en opposition avec les témoignages de certains de ses collègues, qui se souviennent qu’elle a parfois été désagréable avec des patients et qu’elle en aurait volé quelques uns. Selon eux, Daniela demandait à travailler de nuit. Parfois, le rapporte le Corriere della Serra, "elle avait la main lourde sur les laxatifs [donnés] aux patients, pour embêter ses collègues chargés de la ronde, ou encore sur les sédatifs, pour ne pas être dérangée par les malades".
Des patients trop désagréables. Selon les témoignages d’anciennes collègues, quand un patient nécessitait trop de soins ou que ses parents se montraient trop pressants ou désagréables, le taux de mortalité faisait un bond.
Début avril, une série de coïncidences troublantes alerte les services sanitaires. Et quand une patiente âgée décède peu après la prise de service de l’infirmière, une enquête est ouverte. Un de ses collègues raconte au Corriere della Serra que fin mars, "elle sent" qu’un patient "pourrait être le prochain" sur la liste des ces "morts anormales". L’homme meurt une heure après le début de la garde de Daniela Poggiali. "J’étais abasourdie", raconte sa collègue. "Je me suis dit ‘C’est reparti’." Elle en parle à une autre infirmière, qui lui fait également part de ses appréhensions.
Un "complot". Le procureur de la République a déclaré qu’une injection de chlorure de potassium est à l’origine du dernier décès, celui de Rosa Calderoni. On a retrouvé des traces de ce produit dans les globes oculaires de la patiente. Problème : le chlorure de potassium disparaît de l’organisme au bout de dix jours. Impossible de vérifier a posteriori si les dix autres cas "très suspects" ont également succombé au même procédé. Daniela Poggiali, qui n’a rien perdu de son sourire et de son charme, se dit victime d’un complot.