LA LUBIE. Les habitants de Nagoro ont préféré partir, trouver du travail ailleurs. Dans cette vallée de l’île de Shikoku, au Japon, la seule usine a fermé depuis des années. Et le village a troqué ses habitants contre des poupées de chiffons grandeur nature.
Un épouvantail qui ressemblait à son père. Ayono Tsukimi est revenue d’Osaka il y a onze ans. "Il n’y avait pas grand-chose à faire", raconte la Japonaise de 64 ans, à part s’occuper de son jardin, sans succès. "Je me suis dit que nous avions besoin d’épouvantail", explique-t-elle, dans le court documentaire The valley of dolls, réalisé par le photographe allemand Fritz Schumann et repéré par le site The Verge. Elle a donc fabriqué un épouvantail qui ressemblait à son père. Aujourd’hui, près de 350 poupées peuplent Nagoro, pour seulement 51 habitants de chair et d'os, selon le Tokyo Times.
A Nagoro, quand quelqu’un meurt, personne n’est là pour le remplacer. Personne ne vient s’installer dans ce village reculé. L’école a fermé il y a deux ans, alors Ayono Tsukimi a commencé à coudre des élèves, des profs et le principal, pour redonner vie au bâtiment. "Peut être qu’un jour, je survivrai à toutes les personnes du village", témoigne l’habitante.
Les poupées attirent les touristes. Dans les rues, Ayono Tsukimi a cousu des petits vieux, installés sur un banc qui semblent regarder les voitures passer. D’autres sont accoudés à des barrières, travaillent dans les champs. "Je suis très douée pour faire des grand-mères", explique celle qui a fabriqué toutes ces poupées. "Je tire des fils autour de la bouche et elles sourient", dit-elle.
Bizarre ou attendrissant, "je sais que tout le monde n’aime pas mes poupées", se raisonne-t-elle. En attendant, elles ont attiré des dizaines de touristes à Nagoro. Et redonné un peu de vie au village vieillissant.
Valley of Dolls from Fritz Schumann on Vimeo.