L'Espagne s'apprête sans doute à tourner la page socialiste, au pouvoir depuis 2004. Quelque 36 millions d'électeurs sont appelés aux urnes dimanche pour élire 350 députés et 208 sénateurs. Étranglé par un chômage record, menacé de récession, le pays devrait sauf énorme surprise choisir l'alternance.
La campagne de ces législatives, initialement prévues en mars 2012, n'a laissé aucune chance au candidat socialiste Alfredo Perez Rubalcaba, 60 ans, ancien ministre de l'Intérieur du gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero. Les derniers sondages donnaient à la droite une majorité absolue d'une ampleur historique au Parlement.
"Il faudra faire des coupes partout"
Le chef du Parti populaire, Mariano Rajoy, 56 ans, devrait diriger le gouvernement issu des législatives. Son programme n'a pourtant rien d'enchanteur. Pressé par les marchés financiers, il a déjà promis au pays de lourds sacrifices dans l'espoir de redresser l'économie.
"Il faudra faire des coupes partout", sauf dans les retraites, a ainsi déclaré jeudi Mariano Rajoy.
Les principales réformes qui pourraient porter sur "une réforme du marché du travail, une réforme fiscale et l'assainissement du système financier", ne seront toutefois mises en place qu'une fois installées les deux chambres du Parlement le 13 décembre, puis investi le chef du gouvernement, à partir du 20.
Un peu plus d'austérité en vue
De quoi accroitre encore la grogne sociale déjà bien installée dans une Espagne qui compte déjà près de 5 millions de chômeurs. C'est d'ailleurs en Espagne qu'est né le mouvement des indignés.
Alors que l'Espagne a dû concéder jeudi des taux records pour se financer, Mariano Rajoy va devoir agir très vite pour rassurer les marchés. La population s'attend notamment à la baisse de 5% du salaire des fonctionnaires, le gel des retraites ou le recul de l'âge de la retraite de 65 à 67 ans.
S'y ajoutent les récentes réductions budgétaires décidées dans plusieurs régions autonomes gouvernées par la droite, dont Madrid et la Catalogne, où enseignants, médecins et infirmières restent très mobilisés.
Outre le Parti socialiste et le PP, une vingtaine de partis régionaux et nationaux se présentent, nombre d'entre eux n'ayant aucune chance d'entrer au Parlement en raison d'un système électoral complexe qui favorise les grands partis et les partis régionaux.