Le vendredi, jour de prière, est depuis le début des révoltes dans le monde arabe une journée de forte mobilisation. La Syrie n’a pas échappé à la règle, puisque des manifestations y ont eu lieu lors d’une "journée de la dignité" lancée par le mouvement de contestation. Cette nouvelle manifestation intervient au lendemain de l'annonce par les autorités de mesures sans précédent pour calmer la colère des Syriens.
Mobilisation à Damas
Après la prière, à la mosquée des Omeyyades dans le cœur de Damas, la capitale, 300 manifestants ont marché vers le souk Hamadiyeh, en criant "Deraa, c'est la Syrie", "Nous nous sacrifierions pour Deraa", faisant référence au bastion de la contestation où une centaine de manifestants ont été tués depuis le début de la semaine.
Ils ont croisé des partisans du régime qui leur répondaient: "Avec notre sang et notre âme, nous nous sacrifierons pour Bachar" al-Assad, le chef de l'Etat.
La région de Deraa sous étroite surveillance
Le régime a quadrillé la ville de Deraa et ses environs, théâtre d’une forte mobilisation depuis vendredi dernier et où une centaine de militants ont perdu la vie mercredi. Des soldats ont chargé des sacs de sable dans des camions et des bus de l'armée ont pris position aux croisements menant à des villages de la région. La police a même expulsé vendredi les journalistes de cette ville agricole de 75.000 habitants.
De nouvelles violences ont été enregistrées à Sanameïn, à mi-chemin entre Damas et Deraa. "Il y a eu dix morts à Sanamein lors d'affrontements", a affirmé un haut responsable qui a tenu à garder l'anonymat. sans vouloir donner de détails sur les heurts dans cette ville proche de Deraa, épicentre de la contestation contre le régime à 120 km au sud de Damas.
Selon Amnesty international, au moins 55 personnes ont été tuées en une semaine.
La bataille médiatique a commencé
Dans un communiqué publié vendredi sur Facebook, "l'Union de la jeunesse syrienne" a appelé "le président Bachar al-Assad et les membres de son régime à démissionner" et à la mise en place d'un "gouvernement de transition formé de toutes les composantes du peuple".
En réponse, Al-Baas, le quotidien du parti au pouvoir, affirme en Une que "la Syrie a célébré jeudi la journée de la dignité", et publie des photos de manifestations pro-Assad. "Certains ont tenté de profiter des revendications légitimes des habitants de Deraa pour utiliser les citoyens afin de perpétrer leurs plans criminels et suspects. Mais le véritable Deraa a refusé". Tout en occupant le front médiatique, le régime a multiplié les promesses de concessions, dont la levée de l’état d’urgence, en vigueur depuis 1963, et une augmentation de 30% des salaires des fonctionnaires.
Ce qui n'a pas empêché plusieurs pays de condamner la répression, à l'image de la France, qui "condamne avec la plus grande fermeté les violences qui ont conduit le 23 mars à la mort de plus de 50 personnes et qui ont fait de nombreux blessés". Le ministère des Affaires étrangères réclame au pouvoir syrien "la mise en oeuvre effective et rapide" des réformes annoncées. "Nous condamnons fermement les tentatives du gouvernement syrien pour réprimer et intimider les manifestants", a renchéri le porte-parole de la Maison blanche, Jay Carney.