En France, les politiques de droite comme de gauche ont accueilli avec horreur le discours du leader libyen mardi. "Dans ce pays on meurt de vouloir vivre librement. Je suis horrifié par ce déferlement de violence", a affirmé François Fillon, lors d'un discours devant le Conseil économique, social et environnemental. Le Premier ministre a fait part de sa "consternation" et de "l’émotion de la France" face au déferlement de violence en Libye.
Sur Europe 1, le président de l’Assemblée nationale Bernard Accoyer a estimé que les propos du dictateur, "d’une brutalité absolue", était ceux d’un homme "au-delà de la raison". Il a tenté de justifier le tapis rouge déroulé à Mouammar Kadhafi par Nicolas Sarkozy en 2007, arguant que le dictateur avait "changé" depuis.
L’opposition se saisit de la visite du chef d’Etat libyen, qui avait déplié sa tente dans les jardins de l’Elysée, pour fustiger la diplomatie française. Martine Aubry a rappelé, au micro d’Europe 1, que le PS avait dénoncé, en 2007, la visite du leader libyen : "nous avons été critiqués à l’époque comme étant irréalistes", a-t-elle déclaré.
"Kadhafi doit s'en aller"
Aujourd’hui, la n°1 du PS souhaite que la France demande la démission de Mouammar Kadhafi : "il faut que la diplomatie française enfin soit à la hauteur. Il ne suffit pas de dénoncer les morts, il faut dire très clairement que Kadhafi doit s’en aller", a-t-elle martelé, sur Europe 1.
Même argumentaire du côté d’Europe Ecologie Les Verts : "Les tentatives de réhabilitation de Kadhafi, illustrées par sa visite d'Etat en France en 2007, ont fait long feu", a critiqué la secrétaire nationale du parti, dans un communiqué
Et dans le monde, pas une voix officielle ne s’élève pour défendre le leader libyen Mouammar Kadhafi. La Ligue arabe a suspendu la participation de la Libye à ses réunions. La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a supprimé les négociations en cours entre l’Union et la Libye sur un accord-cadre commercial. Elle a aussi appelé très diplomatiquement Mouammar Kadhafi à la "retenue".
"Très effrayant"
La présidence hongroise de l’UE a corroboré les propos de Catherine Ashton, évoquant la nécessité d’une réponse "dure" à l’encontre des "forces anti-démocratiques" en Libye.
Angela Merkel a utilisé des mots plus durs, jugeant le discours prononcé mardi par le dictateur libyen "très effrayant". Pour la chancelière allemande, il s’agit ni plus ni moins d’une "déclaration de guerre" contre "le peuple libyen". Elle a exigé l’arrêt des violences.
Hillary Clinton, de son côté, a qualifié la répression de la contestation libyenne de "bain de sang". Elle a appelé au respect des droits du peuple libyen, "y compris son droit de s'exprimer librement et de se rassembler".
Mais Mouammar Kadhafi risque de rester hermétique à tous ces appels : "Je ne quitterai pas ce pays, je mourrai ici en martyr", a déclaré le dictateur affaibli, lors de son discours.